General Motors - Strasbourg : Mise au point sur la fin du conflit04/08/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/08/une2192.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

General Motors - Strasbourg : Mise au point sur la fin du conflit

On se souvient que General Motors Company, renflouée par les largesses d'Obama, avait proposé de racheter l'usine de Strasbourg, menacée de liquidation depuis deux ans, pour un euro symbolique. Mais GMC avait posé ses conditions. Elle exigeait que les quatre syndicats de l'entreprise signent un accord prévoyant par divers biais des pertes de salaires de 10 %. La CFDT, la CFTC et FO avaient accepté. Seule la CGT de l'entreprise avait refusé ce chantage.

Après une semaine de pressions physiques exercées par la maîtrise et l'encadrement, allant jusqu'à la séquestration et aux coups, pour tenter de contraindre les dirigeants du syndicat CGT local à signer cet accord, la Direction départementale du travail et la direction de GMC avaient proposé, pour mettre fin au conflit, un accord sur la base du renoncement à exiger que la CGT signe cet accord, et en s'engageant à ne pas prendre de sanctions contre les militants de la CGT pour les incidents survenus à cette occasion. Nous avions fait état de cette proposition dans notre numéro daté du 30 juillet.

C'est paraît-il d'un stylo rageur et haineux que le représentant de GM Company a signé le compromis qui représente encore pour lui d'une certaine manière un recul, puisqu'il s'était promis d'amener la CGT à mettre sa signature à côté de celles des autres syndicats.

La direction a diffusé aussitôt après dans l'usine un communiqué dans lequel elle expliquait que désormais les conditions étaient réunies pour entamer les négociations à Detroit, mais elle se gardait bien de dire que l'exigence d'unanimité des syndicats n'était plus une condition. Elle n'avait aucune envie de faire état de ce recul auprès de ceux de ses cadres et de sa maîtrise qui avaient participé le 23 juillet à l'attaque verbale et physique contre les militants de la CGT. Ceux qui avaient joué les hommes de main faisaient d'ailleurs profil bas, l'un ou l'autre venant demander aux militants de la CGT s'ils allaient vraiment maintenir leurs plaintes en justice... car, bien sûr, même s'il est évident que toute l'opération avait été commanditée par la direction, les grands chefs sont restés en arrière, les bras croisés, et ils ne porteront pas le chapeau.

Mais les représentants de l'État et du grand patronat sont des experts dans l'art de l'embrouille, et ce qu'ils avaient concédé d'une main dans une partie du texte, ils le reprenaient de l'autre par ailleurs. On peut lire en effet dans ce texte : « La CGT est opposée aux mesures de rationalisation des coûts de main-d'oeuvre contenues dans ces accords. C'est pourquoi elle réaffirme qu'elle ne les signera pas. Cependant (...) elle s'engage à ne pas contester, sous aucune forme ou moyen, le contenu et la mise en oeuvre de ces accords d'ici la fin 2013 »... ce qui revient très précisément à accepter de fait ces accords.

Les dirigeants de la CGT de GM Strasbourg ont évidemment eu tort de signer un tel texte. Mais cela ne serait grave que s'ils se sentaient liés par la signature qu'on leur a ainsi extorquée, et qu'ils n'ont pas plus de raison de respecter que les hommes politiques de la bourgeoisie et les patrons ne respectent les leurs.

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