Tunisie : La dictature de Ben Ali veut imposer la loi du silence22/07/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/07/une2190.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Tunisie : La dictature de Ben Ali veut imposer la loi du silence

Condamné à quatre ans de prison pour « diffusion d'information de nature à troubler l'ordre public », le journaliste tunisien Fahem Boukadous a été arrêté le 16 juillet.

Le régime veut lui faire payer son reportage sur le soulèvement populaire dans le bassin minier de phosphates de Gafsa, durant l'année 2008. Pendant des mois, la population s'était révoltée contre le chômage, la misère, la corruption locale, la dictature patronale autant que celle du pouvoir politique. Le régime comme à son habitude avait répondu par la répression : trois morts parmi les manifestants et, après des parodies de procès et des aveux obtenus sous la torture, des dizaines de condamnations, allant jusqu'à huit ans de prison ferme, en particulier contre les syndicalistes animateurs du mouvement.

Fahem Boukadous avait fait passer un reportage sur ces évènements en juillet 2008, sur une chaîne basée en Grande-Bretagne. Il y dénonçait le véritable état de siège de la région de Gafsa. C'est ce qui lui a valu une condamnation à 6 ans de prison en février 2009. Il s'était réfugié dans la clandestinité.

Avant les élections présidentielles et législatives de novembre 2009, 38 des syndicalistes emprisonnés ont bénéficié d'une libération conditionnelle... Ce qui signifie pratiquement qu'ils sont sous la menace permanente d'un retour en prison, sans compter le harcèlement policier qui va les poursuivre et les difficultés à trouver un emploi.

Fahem Boukadous, qui est alors sorti de la clandestinité, s'est vu une nouvelle fois condamné en appel le 6 juillet dernier. C'est à l'hôpital où il se fait soigner pour des problèmes respiratoires qu'il a été arrêté.

Des dizaines d'opposants ou travailleurs sont régulièrement emprisonnés, torturés en Tunisie, sans que cela n'émeuve le gouvernement français. En visite officielle, en mai dernier, Fillon, emboîtant le pas à Sarkozy venu un an plus tôt, ne déclarait-il pas : « Permettez-moi ensuite de vous dire combien la coopération entre la France et la Tunisie est exemplaire et essentielle. Il y a plus de 1 200 entreprises françaises qui sont implantées dans votre pays, et qui emploient plus de 100 000 Tunisiens ». Et pour exploiter 100 000 Tunisiens, le patronat et l'État français s'accommodent d'un régime qui réprime les travailleurs et ceux d'entre les journalistes qui tentent de dévoiler l'envers du décor du soi-disant « miracle tunisien ».

Ainsi, après l'arrestation de Fahem Boukadous, le gouvernement français s'est fendu d'un communiqué où il se dit... « préoccupé » : façon de dire que ce nouvel épisode répressif n'a aucune chance de remettre en cause « l'exemplaire coopération » entre Paris et Tunis.

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