Sida : C'est la loi du profit qui décide22/07/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/07/une2190.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Sida : C'est la loi du profit qui décide

La 18e conférence sur le sida se tient actuellement à Vienne, en Autriche. À la 16e, en 2006, les dirigeants des grandes puissances avaient promis de fournir traitement et prévention pour tous dès 2010. Depuis, non seulement le nombre de personnes contaminées est loin d'avoir diminué, mais la grande majorité des malades n'a accès à aucun traitement.

Pourtant, d'après les scientifiques, non seulement ces médicaments peuvent permettre de vivre avec le sida, mais on constate qu'ils diminuent fortement les risques de transmission du virus.

Sur les 33 millions de personnes atteintes aujourd'hui, l'immense majorité vit en Afrique (22,4 millions) et en Asie (4,7 millions). Faire en sorte que ces malades aient accès aux médicaments suppose plusieurs conditions.

Il y a le prix des médicaments eux-mêmes. Celui-ci est tombé à environ 100 dollars annuels par habitant : une baisse qui aurait pu se réaliser beaucoup plus vite si les laboratoires pharmaceutiques n'avaient pas tout fait pendant des années pour empêcher la fabrication et la diffusion de médicaments génériques, afin de garantir leurs profits. Mais 100 dollars, cela reste encore trop pour les populations et les États concernés.

Il faudrait aussi savoir qui est porteur du virus, c'est-à-dire avoir du personnel médical en nombre pour dépister, faire des tests à grande échelle.

Il faudrait de plus concrètement distribuer les médicaments, dans des hôpitaux ou des pharmacies, avec là encore du personnel qualifié pour délivrer les traitements. Tout cela manque dramatiquement dans les pays les plus touchés.

Résultat, sur les 33 millions de personnes infectées dans le monde, seulement 12 millions sont dépistées et 5 millions traitées.

Pour fournir les médicaments aux personnes atteintes, les responsables des organismes récoltant les fonds, essentiellement auprès des États, estiment qu'il faudrait, dans les trois années à venir, quinze milliards d'euros supplémentaires.

Les États les plus riches, non seulement refusent de débloquer cette somme, mais certains d'entre eux préviennent que leur aide pourrait même diminuer « à cause de la crise ». Une crise durant laquelle ils ont dépensé cent fois plus pour les banques !

Bill Clinton, ex-président des États-Unis, a déclaré en ouverture de cette conférence que « dans beaucoup trop de pays, beaucoup trop d'argent va à trop de gens qui vont à trop de réunions, qui prennent trop d'avions ». Ce n'est pas faux peut-être. Mais reporter la responsabilité sur les États les plus pauvres en invoquant à demi-mot leur corruption est une façon de ne pas mettre en cause la rapacité des grands trusts pharmaceutiques, y compris ceux de son pays.

La réalité, sur cette question comme dans d'autres, c'est que les États les plus riches choisissent d'abandonner les populations à leur sort catastrophique.

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