Le 16 juillet, devant un parterre d'hommes d'affaires japonais, François Fillon a pour la première fois employé le mot « rigueur » qui était jusque-là banni des discours gouvernementaux.

Annonçant un gel des dépenses de l'État en mai dernier, Fillon avait déclaré que la France est « loin d'un plan de rigueur » qui « n'existe pas et qui n'existera pas ». Fillon proclame désormais qu'il a surmonté le tabou et qu'il emploiera à l'avenir le mot interdit. On ne sait pas si les financiers japonais auront été impressionnés par l'audace du Premier ministre. Le sénateur UMP, Gérard Longuet, l'a été, lui qui explique que la « rigueur » est « un mot qui rassure les marchés ». Il serait en tout cas vain de se demander quand le gouvernement nous bluffe : lorsqu' il parle de rigueur ou au contraire quand il fait des pirouettes pour éviter le mot ? Assurément dans les deux cas. Si l'on pense à la façon dont il traite les classes populaires, le mot « rigueur » est bien pâlichon pour qualifier les attaques en cours ou en préparation, qu'il s'agisse des retraites ou des suppressions d'emplois dans les services publics. Mais si l'on pense à la posture du gouvernement envers le monde des riches, le mot est plutôt comique : les efforts des Fillon-Sarkozy et de leurs semblables consistent à ouvrir en grand la bourse de l'État pour que la finance et le patronat puissent se servir, quitte à ce que les déficits se creusent. Les ministres en sont aujourd'hui à implorer la finance de prêter à l'État l'argent qu'ils ont mis à sa disposition pour la sauver de la crise.

En toute rigueur, les classes populaires sauront trouver la façon de dire aux Fillon et compagnie qu'ils en ont ras-le-bol de faire les frais des déficits que ceux-ci creusent en faveur des capitalistes.