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Leur société
La Villeneuve hier et aujourd'hui
C'est au cours de l'année 1972 que les premiers logements du quartier ont été mis en service, avec une municipalité socialiste dirigée par Hubert Dubedout. Ils répondaient au manque de logements sociaux à Grenoble.
Une équipe d'architectes, de sociologues, d'urbanistes, d'enseignants, s'était installée sur place avec des objectifs précis : 50 % de logements sociaux, 50 % d'accession à la propriété pour un coût inférieur de 30 % aux prix moyens de l'époque, la prévision d'autant d'emplois que de logements, la volonté de créer les équipements (écoles, gymnases, piscine, centres de santé... ) en même temps que les logements. Un plan en forme de criques, pour éviter les vis-à-vis, et une galerie piétonne étaient décidés, afin d'éviter les grandes barres et les tours. Côté qualité, les logements bénéficiaient du premier label d'isolation phonique, et avaient 10 % de surface en plus que les normes de l'époque. C'étaient (et ça l'est encore d'ailleurs,) de beaux duplex, spacieux et lumineux. Les coursives desservant les appartements étaient conçues avec des espaces de convivialité pour se retrouver entre voisins. Les vide-ordures étaient reliés à un collecteur pneumatique en sous-sol. D'autres infrastructures étaient mises en place (mais ont disparu depuis) : des ateliers de fabrication d'affiches, de poterie, de tissage... et même un studio TV (tout le quartier est aujourd'hui câblé, et le studio existe encore). Un centre de santé était construit, avec pour priorité : la prévention. Les façades étaient à certains endroits décorées par des grands dégradés colorés sur fond blanc, à d'autres par des couleurs vives, il y avait de nombreuses fresques et statues.
Les écoles pratiquaient une pédagogie nouvelle, étaient équipées de terminaux d'ordinateur. Elles n'avaient pas de clôtures. Le collège était alors imbriqué avec la Maison de quartier, disposant d'une sorte de restaurant collectif, mélangeant les élèves et les adultes du quartier.
Puis, en 1983, le maire RPR Alain Carignon modifia la politique d'attribution des HLM, mettant à mal l'équilibre social du quartier. L'entretien et la rénovation du quartier furent négligés.
Avec la crise, le quartier s'est encore paupérisé : 30 % de ses 15 000 habitants sont aujourd'hui au chômage, les classes moyennes ont déserté le quartier. La décoration a en grande partie disparu, faute d'entretien. Le collège est devenu un collège très classique malgré son architecture futuriste. Il est maintenant entouré de grilles contre les « rodéos » qui empêchaient les cours en rez-de-chaussée. Les maternelles et primaires ont gardé l'esprit d'école ouverte, mais sont soumises, comme à l'échelle nationale, à des restrictions de moyens. Tous les équipements sociaux et éducatifs du quartier se heurtent aux suppressions de postes et au désengagement financier de l'État : le centre de santé, qui soigne plus de 10 000 personnes et a un rôle essentiel de santé publique dans le quartier, connaît régulièrement des problèmes budgétaires. Les écoles et le collège accueillent aujourd'hui, de plus en plus nombreux, des enfants de familles en difficulté.
Un projet de rénovation du quartier est prévu pour 2012, mais tout le monde sait que son financement est limité ; d'autant que le désengagement de l'État s'accentue. Et du coup la municipalité socialiste de Michel Destot a annoncé son projet de passer à un système de ramassage d'ordures plus traditionnel, prétextant le fort coût de l'entretien de l'actuel système.
On ne peut pas dire que le quartier de la Villeneuve soit laissé à l'abandon. Des efforts sont faits, mais pas à la hauteur des besoins grandissants en cette période de crise. Le député-maire PS de Grenoble, Michel Destot, explique largement que les priorités de la municipalité socialiste sont les quartiers populaires. Or, le budget de la municipalité de Grenoble comprend de fortes subventions aux entreprises comme STMicroelectronics ou le projet Minatec. La communauté des communes, dont fait partie la ville de Grenoble, vient d'accorder une nouvelle subvention de 846 161 euros à cinq pôles de compétitivité. Ces projets concernent des entreprises privées, dont certaines, comme Schneider Electric par exemple, ne sont pas des petites entreprises.
La municipalité ne peut compenser à elle seule tous les désengagements de l'État, mais elle pourrait accorder la priorité aux quartiers populaires et non aux grandes entreprises dont les profits sont mirobolants !