La Villeneuve de Grenoble : Une démonstration de force qui ne résout rien22/07/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/07/une2190.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

La Villeneuve de Grenoble : Une démonstration de force qui ne résout rien

« Du quartier modèle aux violences urbaines : Villeneuve, comment en est-on arrivé là », c'est ainsi que titrait Le Dauphiné Libéré du mardi 20 juillet. En effet, ce quartier est depuis plusieurs jours en proie à des violences qui ont commencé dans la nuit du jeudi au vendredi 16 juillet, après qu'un jeune, originaire de la Villeneuve, eut été tué, lors d'une fusillade avec les policiers qui le poursuivaient après le braquage du casino d'Uriage, situé à dix kilomètres.

Ce fait divers tragique et ses suites posent une nouvelle fois le problème de la violence dans ces quartiers populaires qui, comme la Villeneuve, connaissent, en particulier chez les jeunes, un très fort chômage et où sont concentrées des familles qui n'ont pas les ressources suffisantes pour échapper à la pauvreté. Pourtant, à l'origine, le quartier de la Villeneuve était le fruit d'un projet aux objectifs très novateurs et généreux. Mais depuis il y a la crise, le chômage, la précarité qui favorisent la marginalisation des jeunes. Il y a la politique budgétaire de l'État qui réduit les budgets des services publics, dont l'enseignement, le logement social ou encore la Santé. L'État se désengage, les municipalités ne font plus face. Alors Sarkozy et Hortefeux ne font rien d'autre que de confier à leurs forces de police spécialisées le soin de rétablir l'ordre coûte que coûte, sans rien régler mais en laissant sur leur passage dans bien des esprits un désir de vengeance.

Aujourd'hui, la Villeneuve est en état de siège. Des cars de CRS sont à toutes les entrées du quartier, le soir, et chaque voiture ou chaque piéton qui veut rentrer ou sortir est fouillé. Les espaces publics sont déserts dès 21 heures. Chaque nuit, un hélicoptère équipé d'un puissant projecteur et de caméras survole le quartier de longues heures durant, éclairant les façades des immeubles avec un bruit qui empêche tout le monde de dormir. Les discussions entre habitants du quartier sont nombreuses : certains condamnent cette minorité de jeunes qui « foutent la merde » et « empoisonnent la vie » du quartier, d'autres se sentent plus en sécurité, d'autres sont révoltés par les incendies de véhicules qui les ont touchés alors qu'ils n'arrivent déjà pas à joindre les deux bouts, d'autres sont agacés par ce déploiement de forces de police dont ils n'attendent pas la résolution de leurs problèmes, tous enfin sont fatigués par ces longues nuits bruyantes et chaudes, où ils ne peuvent pas se reposer avant de retourner au travail le lendemain...

Le Dauphiné Libéré du 20 juillet rapporte les propos d'un habitant du quartier, militant associatif connu : « L'approche et le traitement exclusivement sécuritaires de ce type de fait divers sont aberrants, surtout avec tout ce déploiement et cet arsenal "anti-terroriste" et guerrier. Depuis plus dix ans la police dite de proximité n'existe plus à la Villeneuve, les policiers n'ont plus aucun contact avec la population, sa seule apparition, sa seule visibilité étant réduite à ces irruptions aussi brutales, massives, spectaculaires qu'aberrantes qui ne peuvent provoquer que haine et volonté d'en découdre (... ) ».

Alors il est temps de cesser de faire payer la crise aux plus pauvres et de consacrer une partie, même infime, des milliards qui servent à la spéculation, à offrir un présent et un avenir à la population des quartiers populaires les plus pauvres au lieu de ne se donner que les moyens de leur faire la guerre.

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