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- Lutte ouvrière n°2189
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Leur société
Retraites : Le capital doit payer !
Sur la question des retraites, sur le fond, c'est-à-dire sur le détail des mesures envisagées (âgé légal porté à 62 ans, augmentation des cotisations des fonctionnaires, prise en compte de la pénibilité a minima, etc.), l'interview de Sarkozy n'a rien apporté de nouveau. Sauf sans doute, dans les arguments du président, de nouvelles raisons pour les travailleurs de se mettre en colère, et de la manifester le 7 septembre prochain.
Ainsi, sur le caractère injuste de sa réforme par exemple, évoqué par le journaliste, parce qu'elle fait porter tout l'effort sur les catégories de travailleurs les plus exploitées, il a osé expliquer que « la première injustice c'est un système où on n'a pas d'argent pour payer la retraite des retraités », ajoutant que « nous n'avons pas les moyens aujourd'hui de payer la retraite de 1,5 million de retraités sur les 15 millions de retraités en France » et que « leur retraite est payée par la dette ». Mais s'il y a un trou aujourd'hui dans les caisses, et s'il y a un problème de financement des retraites, ce ne sont pas les travailleurs, les salariés, qui en sont responsables. Le trou, ce sont les licenciements, le chômage, les bas salaires, le développement du travail précaire qui le creusent, en faisant s'effondrer les cotisations. Et c'est à ceux qui en sont ou en ont été les victimes que le gouvernement demande de le combler.
Autre moment fort, la question de la taxation des hauts revenus. À la question : pourquoi le gouvernement n'augmente pas les impôts sur certains types de revenus, comme les revenus financiers ? « C'est ce que nous faisons », a répondu Sarkozy en citant les 4,5 milliards prélevés sur les particuliers et en prenant pour seul exemple... l'augmentation de cotisation des fonctionnaires, pour ajouter : « C'est ça aussi la justice : que, quel que soit le secteur où on se trouve, on paye la même cotisation. » Pour noyer le poisson, Sarkozy a volontairement et démagogiquement répondu à côté de la question.
L'augmentation de cotisation des fonctionnaires, que Sarkozy a mélangée avec les mesures de taxation du capital, devrait d'ailleurs rapporter à elle seule près de 4 milliards d'euros. À comparer aux 290 millions d'euros que rapportera la « mise à contribution des hauts revenus » prévue par la réforme, sous la forme d'une hausse de 1 % du taux de la tranche supérieure du barème de l'impôt sur le revenu. On comprend que Sarkozy ait préféré parler d'autre chose : difficile de faire passer cela pour une mesure équilibrée, de justice. Mais la ficelle est un peu grosse.