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Espagne : Face aux attaques du gouvernement, les travailleurs du métro de Madrid répondent par la grève
En mai dernier, le gouvernement du socialiste Zapatero annonçait un plan de rigueur pour réduire la dette publique, afin de financer les banquiers, et comportant entre autres mesures la baisse de 5 % en moyenne des salaires des fonctionnaires. Largement relayé par les médias, il martelait l'idée que les fonctionnaires étaient des privilégiés puisqu'ils avaient la garantie de l'emploi.
Heureusement, ce matraquage médiatique n'a pas empêché des travailleurs de réagir et de contester ces mesures, en particulier ceux du métro de Madrid (7 700 salariés). La mobilisation a commencé le 17 juin dernier par un rassemblement devant le Parlement, où la présidente du gouvernement autonome de Madrid, Esperanza Aguirre, du Parti Populaire, présentait le décret-loi. Le 18, lors d'une assemblée de plus de 4 000 travailleurs, une intersyndicale se mettait en place et décidait la grève pour le 28, jour où le Parlement abordait le point de la baisse salariale. La discussion porta même sur la grève illimitée : les salaires avaient déjà été bloqués et le personnel revu à la baisse avec l'introduction de guichets automatiques. À cela s'ajoutait le cynisme du gouvernement de droite de l'Autonomie de Madrid, qui exigeait une économie salariale de près de neuf millions d'euros alors que la direction du métro avait passé un contrat pour 24 millions en publicité à une entreprise liée au Parti Populaire !
La grève fut massivement suivie, mais le patronat et le gouvernement exigèrent un service minimum de 50 %, et de 70 % aux heures de pointe. Là encore Esperanza Aguirre s'en prit aux grévistes, vitupérant le « chantage » de la grève et montrant les travailleurs du métro comme des privilégiés à l'emploi garanti et aux salaires élevés. Le Parlement approuva le décret. Mais les travailleurs, réunis en assemblée, décidèrent le soir même de ne pas reculer et de refuser les services minimums. Des piquets par ligne, des informations aux usagers furent organisés et le lendemain le métro resta paralysé. Le 30 juin aussi la grève fut largement suivie et aucune rame ne sortit. Le gouvernement autonome voulut mettre en marche la ligne qui mène à l'aéroport, mais en vain.
Les attaques des patrons du métro, du gouvernement national du socialiste Zapatero, du gouvernement régional de droite, ne se firent alors pas attendre. Ils firent cause commune contre les travailleurs et mirent en marche le rouleau compresseur des médias pour monter la population contre les grévistes. Esperanza Aguirre fit préparer 200 lettres de licenciement et donna ordre aux médecins du travail et de la Sécurité sociale de ne pas donner d'arrêts maladie, pour rendre ainsi illégal le fait de ne pas effectuer le service minimum.
L'intersyndicale appela encore à la grève le 1er et le 2 juillet, en acceptant les services minimums pour parer l'offensive médiatique et pouvoir négocier.
À ce jour, la baisse des salaires proposée est passée à 1,5 %. Le lundi 12 juin, les assemblées ont jugé ce recul insuffisant et un appel à la grève a été lancé pour mercredi 14 et vendredi 16, avec les services minimums.
Les travailleurs du métro n'ont donc pas dit leur dernier mot. Ils ont raison de refuser de payer la crise et surtout d'exprimer leur colère par la grève. La haine que cette dernière a suscitée auprès des dirigeants montre bien la crainte qu'ils ont de la force que peuvent représenter les travailleurs en lutte.