Dans le cadre de la réforme du régime des retraites, le gouvernement prépare pour la mi-juin un plan pour l'emploi des seniors. Interrogé sur le sujet dans Le Parisien-Aujourd'hui en France, le secrétaire d'État à l'Emploi Laurent Wauquiez estime que le faible taux d'emploi des seniors en France s'explique par le fait qu'ils « coûtent trop cher » aux entreprises. D'où son « idée », qui n'a vraiment rien d'original : abaisser le coût du travail des seniors en exonérant de charges l'employeur d'un chômeur âgé et en finançant une partie du salaire des seniors exerçant un rôle de tuteurs pour de jeunes embauchés.

La question de l'emploi des seniors n'est pas nouvelle. Au fil des décennies, les mesures pour lutter contre le chômage de ceux-ci - ou pour le masquer - se sont succédé, avec notamment la mise en place des départs anticipés à la retraite (1970), la cessation progressive d'activité (1983), la mise en place de la dispense de recherche d'emploi pour les chômeurs de plus de 57 ans et demi (1986), la contribution Delalande taxant les entreprises licenciant un salarié de plus de 50 ans (créée en 1987, puis abandonnée progressivement depuis 2006), la création d'un CDD de 18 mois renouvelable (2006), etc.

En fait, dans le contexte d'une montée du chômage, les plus de 50 ans ne sont pas épargnés. Au contraire, même si les cadres sont un peu moins concernés, les ouvriers et les employés, plus rapidement usés par le travail, sont souvent les premiers touchés par les plans de licenciement. Et une fois au chômage, ils n'ont guère d'espoir de retrouver un emploi, et encore moins un emploi stable.

Pour essayer de faire passer sa réforme des retraites, qui devrait se traduire par un allongement de la durée des cotisations, le gouvernement fait semblant de se pencher sur le problème des seniors, souvent poussés vers la sortie avant d'avoir assez d'annuités de cotisations pour prétendre à une pension complète.

Ce prétendu plan pour l'emploi des seniors ne réglera donc rien. Il servira de prétexte au gouvernement pour accorder de nouvelles aides et exonérations aux entreprises, mais il ne les obligera pas à embaucher des salariés de plus de 50 ans, et leur interdira encore moins de les licencier.