Tunisie : Taoufik Ben Brik est sorti de prison, mais d'autres journalistes sont poursuivis pour délit d'opinion05/05/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/05/une2179.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

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Tunisie : Taoufik Ben Brik est sorti de prison, mais d'autres journalistes sont poursuivis pour délit d'opinion

Le journaliste tunisien Taoufik Ben Brik a été libéré mardi 27 avril, après avoir effectué la peine de six mois de prison à laquelle il avait été condamné. Accusé d'avoir agressé une femme au cours d'un banal incident de voiture, ce qu'il a toujours nié, il avait été arrêté en octobre 2009, quelques heures après la publication d'un article critique vis-à-vis du président Ben Ali, alors candidat à sa propre succession à la tête de l'État.

Les protestations qui se sont élevées pour dénoncer la machination montée par la police et demander la libération de Taoufik Ben Brik n'ont pas ébranlé le président tunisien, ni le fait qu'à cause de son état de santé son maintien en détention mettait la vie de Taoufik Ben Brik en danger. Le journaliste n'a été libéré qu'après avoir intégralement purgé sa peine.

Si Taoufik Ben Brik a été libéré, un autre journaliste, Fahem Boukadous, risque lui quatre ans de prison pour « diffusion d'information de nature à troubler l'ordre public » ! Il avait diffusé sur une chaîne de télévision indépendante des images des émeutes qui avaient secoué le bassin minier de Gafsa en juin-juillet 2008, où la population protestait contre le chômage et la vie chère. La police et l'armée étaient intervenues, tuant trois personnes, et des dizaines de syndicalistes avaient été condamnés à des peines allant de deux à huit ans de prison. S'ils ont bénéficié d'une libération conditionnelle... à la veille des élections présidentielle et législatives de novembre dernier, la « clémence » du pouvoir ne s'est pas étendue au-delà. Il continue à s'en prendre à ceux qui dénoncent le manque de démocratie et les conditions de vie des travailleurs tunisiens. Un autre journaliste, Zouhair Makhlouf, a exécuté une peine de trois mois de prison, accompagnée d'une amende dépassant les 3 000 euros, pour avoir réalisé un reportage sur la zone industrielle de Nabeul, où sont implantés nombre de sous-traitants d'entreprises étrangères, dont des entreprises françaises.

Taoufik Ben Brik est arrivé en France, et il a demandé une audience à Nicolas Sarkozy. Pourtant, le gouvernement français n'a jusque-là pas fait entendre sa voix pour dénoncer les atteintes aux libertés commises par le régime tunisien. Le ministre des Affaires étrangères Kouchner avait bien demandé sa libération, mais le 15 avril, alors que Taoufik Ben Brik était encore emprisonné, il n'en avait pas moins félicité la Tunisie « pour ses efforts en matière de droits de l'homme ».

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