Allocations familiales et absentéisme scolaire : S'en prendre aux familles pauvres05/05/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/05/une2179.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Allocations familiales et absentéisme scolaire : S'en prendre aux familles pauvres

Un projet de loi concocté par un député UMP vient d'être déposé, reprenant la vieille lune des politiciens réactionnaires : prétendre combattre l'absentéisme des élèves de collège ou de lycée en suspendant les allocations familiales versées à leur famille.

En légère augmentation, particulièrement dans les lycées généraux et surtout professionnels, les absences non justifiées des jeunes élèves devraient, selon le scénario du député auteur du projet, donner lieu à ce qu'il appelle un « carton jaune » dès quatre demi-journées d'absence dans le mois, soit un avertissement par l'inspecteur d'académie. Si le fait se renouvelait, ce dernier sortirait le « carton rouge », en demandant à la Caisse d'allocations familiales de suspendre les allocations versées pour l'enfant. Celles-ci reprendraient si l'élève cesse ses absences et si... l'ordre de reprise des versements ne se perd pas en chemin.

Ce projet n'a rien d'une nouveauté. Les associations de parents d'élèves rappellent qu'un arsenal de lois existe déjà, notamment au niveau du Conseil général, sans effet sur les élèves « décrocheurs ». L'une d'elles, la FCPE, note même qu'en Grande-Bretagne, où les parents peuvent subir de lourdes amendes, voire des peines de prison, il n'a pas été constaté de baisse de l'absentéisme des élèves. Alors, à quoi servirait de faire subir « une violence financière forte et même très forte pour certaines familles », comme le dénonce le SIA, le Syndicat des inspecteurs d'académie, à des parents déjà en difficulté, à une mère qui élève seule ses enfants ? À leur faire subir une double, une triple peine, à ajouter à la précarité sociale, à la difficulté d'éduquer un enfant, une ponction sur les revenus ? Les allocations familiales ne sont pas destinées à récompenser les « bons parents » : il s'agit en fait de salaire différé censé compenser les charges liées à la présence d'enfants. De quel droit un gouvernement qui supprime des dizaines de milliers de postes d'enseignants et autres adultes, qui rend donc l'école plus difficile pour tous, travailleurs et élèves, s'octroierait-il la place - purement honorifique - du redresseur de torts ?

La réponse est dans l'empressement de tous ces politiciens à étaler ce volet de leur démagogie sécuritaire. Après Sarkozy, lors de la prise de fonctions du nouveau préfet de Seine-Saint-Denis, voilà que Xavier Bertrand, le chef de l'UMP en personne, est venu présenter la menace de suspension des allocations familiales comme « la » mesure, « efficace » et « équilibrée » contre cette « première marche d'un parcours délinquant ». Mesure qui, avec la nouvelle loi, ne serait « plus soumise à la mauvaise volonté des Conseils généraux notamment ceux qui sont à gauche », ajoute le père du projet.

Il est difficile d'être plus clair : la motivation de ces gens-là n'a rien à voir avec l'intérêt des jeunes scolarisés en difficulté !

Partager