Afghanistan : Quatre enfants afghans assassinés par des soldats français05/05/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/05/une2179.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Afghanistan : Quatre enfants afghans assassinés par des soldats français

Il a fallu plus de trois semaines pour apprendre que, le 6 avril dernier, des soldats français à la recherche d'insurgés dans la vallée de Brédaou, en Afghanistan, ont tiré un missile antichar sur un groupe de cinq enfants afghans de 10 à 15 ans, dont quatre sont morts.

Le chef d'état-major des armées a précisé « qu'il s'agissait de civils accroupis derrière un arbre, que les observateurs [de l'armée] n'ont pas détectés ».

Aussitôt, tout en regrettant « un terrible concours de circonstances », le ministre de la Défense Hervé Morin a défendu ses soldats qui, selon lui, « n'ont pas fauté » et auraient « respecté de toute évidence toutes les procédures ». Le « respect des procédures » peut donc conduire à la mort de civils innocents. Sans se démonter, le ministre de la Défense a ajouté que « l'armée française veille en permanence à maîtriser sa force » car « c'est ainsi que nous arriverons à gagner la confiance des populations afghanes ».

S'il a fallu trois semaines avant que cette affaire ne soit connue, c'est bien qu'elle n'allait guère dans le tableau que tentent de dresser ceux qui, comme le ministre, cherchent à justifier la présence de l'armée française et des autres troupes de l'OTAN dans ce pays, où ils prétendent que, armé jusqu'aux dents, on pourrait gagner la confiance des populations.

Cette confiance n'est pas près de s'instaurer, car les tirs contre les populations civiles ne cessent de se multiplier. L'ONU vient de rapporter que 2 412 civils ont été tués en Afghanistan en 2009, une progression de 14 % par rapport à 2008 et le pire chiffre, paraît-il, depuis le début de l'intervention impérialiste en 2001. Et si l'ONU cherche à atténuer l'impact de cette information, en disant que les insurgés ont plus tué de civils que les troupes de la coalition, cela reste à démontrer. Le 30 avril encore, deux femmes et une jeune fille ont bel et bien été tuées par des troupes de l'OTAN.

De passage à Paris le 17 avril dernier, le chef militaire de la coalition, le général américain McCrystal, avait passé la main dans le dos des 3 750 soldats français engagés en Afghanistan à qui il demandait de « continuer leur excellent travail » ! Il admettait cependant que, « chaque fois que nous faisons souffrir un Afghan, nous faisons souffrir un être humain et nous portons tort à notre cause » et que la solution « n'est pas purement militaire, mais politique ». Mais, alors qu'il s'apprête à lancer ses troupes contre les insurgés dans la région de Kandahar, il pense toujours que « la guerre peut encore être gagnée ».

En engageant ses troupes en Afghanistan en 2001, la coalition des grandes puissances, dont la France, prétendait écarter à jamais les intégristes talibans, apporter la démocratie, faire respecter le droit des femmes, amener l'éducation et la santé à des populations parmi les plus pauvres de la planète. À la place, elle a dévasté les réseaux d'eau et d'électricité, soutenu une caricature de démocratie avec ses élections truquées, développé la guerre civile, multiplié les insurgés, avec qui il lui arrive maintenant d'envisager de négocier.

En attendant, cette intervention a fait payer bien chèrement à la population afghane le fait que les États-Unis et leurs alliés voudraient garder le contrôle de ce pays. C'est dire que, tant que les soldats de l'OTAN seront là, le sort de la population afghane ne pourra que se dégrader. Alors, hors d'Afghanistan les troupes françaises et de l'OTAN !

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