Affaire des frégates de Taïwan : La population devra payer pour les magouilles des marchands d'armes05/05/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/05/une2179.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Affaire des frégates de Taïwan : La population devra payer pour les magouilles des marchands d'armes

Au bout de nombreuses années de procédures, la cour internationale d'arbitrage a finalement condamné Thales (ex-Thomson CSF) à rembourser plusieurs centaines de millions de dollars à Taïwan. Dans le contentieux qui les opposait au sujet de la vente de six frégates militaires, la cour a ainsi donné raison à Taïwan, qui accusait Thomson CSF d'avoir versé des commissions illégales en vue d'obtenir cet énorme marché.

L'affaire de ces frégates, fabriquées conjointement par Thomson CSF et la DCN (Direction de la construction navale, qui était totalement sous contrôle de l'État français), remonte à 1991. À l'époque, Thomson CSF et le gouvernement de Taïwan avaient signé un contrat pour la vente de ces six navires, lequel incluait une clause interdisant le recours à des intermédiaires et le versement de commissions. Or, comme il est courant dans ce genre d'opération, Thomson a versé de considérables pots-de-vin à des réseaux chargés de faciliter l'opération, qui ont évidemment été intégrées dans la facture présentée à Taïwan.

Le principal intermédiaire, un homme d'affaires d'origine chinoise, aurait ainsi touché près de 500 millions de dollars pour ses interventions auprès des autorités de Taïwan. Un autre, Alfred Sirven, était intervenu pour obtenir l'appui du ministre des Affaires étrangères de l'époque, le socialiste Roland Dumas, par le biais de sa protégée Christine Deviers-Joncour. De hauts cadres de Thomson, des responsables politiques et certains partis français auraient également profité de ces largesses. Mais impossible d'en connaître les noms et d'avoir la preuve de leur implication dans ces magouilles, car tous les gouvernements, de droite comme de gauche, qui se sont succédé depuis ont invoqué le « secret défense », pour empêcher la justice d'avoir accès aux pièces les plus sensibles du dossier.

Le comble dans cette histoire c'est que, si Thomson qui pilotait l'opération a été condamné, c'est l'État français qui devra s'acquitter de l'essentiel de l'amende, soit environ 545 millions d'euros, au titre de sa participation, via la DCN, dans le contrat de vente.

Ceux qui brandissent le « secret défense » prétendent qu'ils veulent « protéger les intérêts fondamentaux de la nation ». La population appréciera de payer ainsi pour permettre aux capitalistes privés et à leurs complices de se partager de fabuleux profits !

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