Un salarié victime des émanations de bitume : Eurovia, une filiale de Vinci, mise en accusation14/04/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/04/une2176.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Un salarié victime des émanations de bitume : Eurovia, une filiale de Vinci, mise en accusation

Le procès intenté par la famille d'un ouvrier, mort d'un cancer de la peau causé par une exposition prolongée au bitume, s'est tenu à Bourg-en-Bresse. Le jugement sera rendu le 10 mai.

Francisco Serrano Andrade avait travaillé une vingtaine d'années à l'arrière d'un camion d'épandage de goudron, pulvérisant le bitume sur les routes à l'aide d'une lance, sans autre protection que des gants. En 2006 est apparu un carcinome qui se propagera rapidement sur son visage et conduira à son décès deux ans plus tard, malgré les traitements et les opérations.

Comme il fallait s'y attendre, la société Eurovia, filiale du groupe Vinci pour laquelle travaillait M. Andrade, récuse toute responsabilité dans la mort de son employé. L'avocat de la compagnie estime avec cynisme que le cancer « a été provoqué par une exposition excessive au soleil et non par l'inhalation de produits toxiques » ! Pourtant, il est reconnu que le bitume, résidu provenant de la distillation de pétrole brut, contient des substances cancérogènes. C'est à ce titre d'ailleurs que la Caisse d'assurances maladie a admis qu'il existait « un lien direct entre la maladie et l'activité du salarié », ce qui a appuyé la famille Andrade dans sa volonté d'attaquer Eurovia, pour l'obliger, ainsi que les autres entreprises dans lesquelles les ouvriers sont au contact du bitume, à appliquer des règles de sécurité.

D'après l'Institut national de recherche et de sécurité, plus de 4 000 travailleurs seraient ainsi exposés aux émanations de bitume. Beaucoup parmi eux étant des immigrés retournés dans leur pays, il est difficile de savoir combien d'entre eux ont développé un cancer de la peau, d'autant que les sociétés de travaux publics bloquent tout accès des chercheurs, dont ceux du CNRS, aux dossiers médicaux des ouvriers chargés de l'épandage du goudron.

Il faut espérer que la famille gagne le combat juridique qu'elle a entrepris pour que cesse le mépris des entreprises de travaux publics, et non des moindres, envers la santé et la vie des travailleurs qu'elles emploient.

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