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- Lutte ouvrière n°2174
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Leur société
Procès Zacharias : Comment l'ex-PDG a multiplié par mille la valeur du groupe
Poursuivi pour abus de biens sociaux, Antoine Zacharias, ex-PDG de Vinci, un des principaux groupes du bâtiment et des travaux publics, a été relaxé par le tribunal de Nanterre le 26 mars. Le procureur avait demandé le maximum prévu par la loi : deux ans d'emprisonnement avec sursis et 375 000 euros d'amende, une somme qui restait symbolique par rapport aux revenus de l'ex-PDG, mais le tribunal n'a pas même retenu cette demande. Ce jugement est apparu si scandaleux devant l'opinion que le parquet s'est senti obligé de faire appel.
Alors qu'il était PDG, Zacharias avait obtenu que ses rémunérations soient indexées sur les profits du groupe. Elles étaient ainsi passées de 2,9 millions d'euros en 2003 à 4,29 millions d'euros en 2005. Cette flambée s'est répercutée en 2006 sur son indemnité de départ, 12,6 millions d'euros, ainsi que sur le montant de sa retraite complémentaire, 2,1 millions d'euros chaque année. Il s'y ajoute des jetons de présence et des stock-options. Devant le tribunal, Zacharias a expliqué que tout cela n'est qu'une récompense pour les services qu'il a rendus aux actionnaires : « Les actionnaires sont forcément gagnants puisque j'ai multiplié par mille la capitalisation boursière de Vinci, entre 1997 et 2006, qui est passée de 40 millions d'euros à 40 milliards d'euros. » En réalité, les profits de Vinci ont reçu un sérieux coup de pouce du fait de la privatisation des autoroutes, commencée par le gouvernement Jospin et son ministre des transports Gayssot en 2002 et achevée trois ans plus tard par Chirac. Les Autoroutes du Sud de la France (ASF) sont ainsi tombées dans l'escarcelle de Vinci, s'ajoutant à la gestion de parkings, d'aéroports, etc., ainsi qu'à une participation plus ancienne dans Cofiroute pour des autoroutes dans l'ouest de la France. « Avec ASF, Vinci devient le premier groupemondial intégré de concession/construction », déclarait un communiqué de Vinci en décembre 2005.
Le PDG a su faire jouer ses relations. Ce n'est pas un tribunal qui va remettre en cause les cadeaux de l'État aux actionnaires de Vinci, lui qui se déclare impuissant pour contester les ponts d'or faits par la société Vinci à son PDG.