Espagne : Municipalités en crise et attaques contre les travailleurs et les services publics31/03/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/04/une2174.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Espagne : Municipalités en crise et attaques contre les travailleurs et les services publics

Le gouvernement socialiste de José Luis Zapatero a annoncé fin janvier que l'ensemble des collectivités publiques devraient réduire leurs dépenses de 50 milliards d'ici 2013 afin de ramener la dette publique à 3 % du PIB, alors qu'elle représente aujourd'hui 11,4 %. Cela concerne pour l'essentiel l'État et les Régions, qui ont commencé à mettre en place des plans d'austérité pour les prochaines années.

Mais les collectivités locales telles que les municipalités, dont l'ensemble de la dette ne représente que 0,5 % du PIB, sont déjà touchées par une crise budgétaire dont les effets dramatiques sont immédiats. Cela se traduit par des baisses de salaire, des licenciements pour les travailleurs et des services minimum pour la population.

En fait, des centaines de municipalités sont frappées de plein fouet par la baisse des revenus fiscaux. On estime à 30 % la part de ces revenus qui provenait de diverses taxes liées à la construction, à « la brique « , comme les permis de construire ou la vente de terrains municipaux. Lors du boom de l'immobilier, les recettes ont augmenté sur une dizaine d'années et les dépenses aussi, liées pour certaines communes à l'augmentation de la population. Le coup de frein consécutif à la crise a été brutal et les effets immédiats. Aujourd'hui des villes, aussi bien grandes que petites, voient leur endettement prendre des proportions extraordinaires du fait de leurs recettes en chute libre. Comme si cela ne suffisait pas, le montant des transferts des recettes fiscales de l'État vers ces collectivités a diminué, passant de 10 à 7 milliards.

Une ville comme Madrid par exemple frise les 7 milliards d'euros de dettes, soit environ 2 000 euros par habitant. La ville a commencé à procéder à des coupes claires dans l'investissement et les frais courants et a augmenté les taxes, cherchant des solutions pour ajuster les comptes. Mais la capitale, comme d'autres grandes villes, garde une certaine marge de manoeuvre, ne serait-ce que parce qu'il lui est encore facile de négocier des prêts. En revanche cela est loin d'être le cas pour des villes moyennes, sans parler des petites communes. Et là il ne s'agit même pas de programmer le non-remplacement des postes vacants, comme l'État et les Régions (désignées sous le terme d'Autonomies) entendent le faire. Il s'agit de négocier déjà des mesures pour réguler l'emploi, c'est-à-dire baisser les salaires, remanier les horaires et procéder à des licenciements.

La ville andalouse de Jerez de la Frontera (200 000 habitants) illustre bien les coups qui sont ainsi portés aux salariés et au service public. Un nombre non négligeable d'entreprises travaillant pour la ville ont cessé de payer leurs employés, accusant la municipalité de ne pas leur transférer l'argent correspondant. Les 200 travailleurs des transports urbains ont du mal à toucher leur salaire depuis un an. Ils n'ont d'ailleurs pas touché février et encore moins la prime de mars. Les 560 employés de l'aide à domicile, les 120 du ménage des écoles se trouvent dans une situation semblable. Quand on sait que pour ces derniers les salaires ne dépassent pas les 800 euros, on imagine le désarroi, les situations dramatiques qu'ils affrontent, mais aussi leur colère. Les 2 500 travailleurs employés par la ville voient déjà tous leurs conditions de vie et de travail malmenées. Et la peur de perdre son emploi pèse, car la municipalité prévoit de procéder à 550 licenciements. Les travailleurs ne restent cependant pas sans réagir. Des grèves éclatent, un jour ce sont les éboueurs, un autre ceux qui assurent l'entretien des espaces verts, et le lendemain c'est le tour des travailleurs des transports...

Les restrictions budgétaires, ce sont aussi des fermetures de crèches, la suppression de services scolaires, de relais sanitaires, la restriction de services sportifs et culturels, toutes sortes de services qui vont manquer à la population laborieuse, celle qui n'aura pas les moyens de se les payer autrement.

Pendant des années, l'immobilier a enrichi patrons et banquiers qui ont su arroser bien des notables. Les responsables de la bulle immobilière, ce sont eux, et les travailleurs qui aujourd'hui refusent de faire les frais de la crise ont raison.

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