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- Lutte ouvrière n°2169
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Lycée Adolphe-Chérioux - Vitry-sur-Seine (94) : deux semaines de mobilisation, un acquis : notre cohésion
Au lycée Chérioux de Vitry-sur-Seine, après la réaction à l'agression d'un élève le 2 février et deux semaines de mobilisation pour obtenir le doublement des assistants d'éducation, les cours n'ont repris totalement que le 17. Ces deux semaines ont été édifiantes pour la petite centaine d'enseignants qui sont restés déterminés à ne pas reprendre les cours sans que rien ne change.
D'une part, beaucoup ont pris conscience du cynisme du rectorat et du ministère, qui ont reconnu que les moyens humains que nous revendiquions étaient légitimes, mais qu'il n'était pas question de faire un précédent et de voir des dizaines d'établissements mobilisés sous leurs fenêtres. Côté cynisme, ils se sont acharnés à proposer des postes de « médiateurs de la réussite », qui ont des contrats de vingt heures, payés au smic, d'un an renouvelable une fois, plutôt que des assistants d'éducation qui sont à 35 heures et ont des contrats pouvant aller jusqu'à six ans. Là aussi, cela en a édifié plus d'un : pour rectorat et ministère, il n'est pas question de créer des postes durables et qui leur coûtent plus cher.
Ils ont aussi, il est vrai, provoqué des crises de rire, par exemple lorsqu'ils ont proposé de nous envoyer un DRH censé nous aider à gérer les difficultés du lycée. D'après ce monsieur, le lycée Chérioux serait ainsi devenu « un laboratoire des nouvelles techniques de management dans l'Éducation nationale, importées de l'étranger ». Autre moment mémorable, de colère cette fois, quand le ministre Luc Chatel est sorti de la salle où il nous avait reçus pour que l'on continue à négocier avec ses collaborateurs... pendant que lui-même donnait sa conférence de presse affirmant que le ministère maintenait ses propositions initiales.
Après deux jours de mouvement, le rectorat avait accordé six médiateurs et deux postes d'assistants d'éducation sur les onze que nous réclamions. Mais la détermination à ne pas s'en contenter s'est manifestée jour après jour. Et il a fallu encore dix jours pour obtenir deux assistants d'éducation supplémentaires, confirmant ainsi que nous avions eu raison de poursuivre la lutte.
Ces quatre postes - qui ont tout de suite été pourvus - sont insuffisants pour assurer l'encadrement nécessaire, mais ils permettront dès la rentrée des vacances de février d'ouvrir enfin des salles de permanence surveillées dans chacun des bâtiments. De plus, nous avons obtenu que la rénovation de l'établissement - dont les plus anciens entendent parler depuis vingt-cinq ans ! - soit enfin confirmée par la région. Le temps de cette rénovation, qui va durer cinq ans, celle-ci s'est également engagée à installer des bâtiments provisoires. Ils serviront de foyer aux élèves qui n'ont aucun lieu couvert et confortable lorsqu'ils ont un trou dans leur emploi du temps.
Mais surtout beaucoup se réjouissent du mouvement en lui-même. Il a radicalement changé une ambiance qui, du fait de la dégradation des conditions de travail et du manque de réaction collective, était devenue parfois insupportable. Ces deux semaines ont permis de se connaître, fait disparaître des tensions, créé une cohésion. Les élèves aussi voient différemment les enseignants, certains n'en revenant pas que l'on se soit battu pour eux. Le lendemain de la reprise des cours, le mouvement a d'ailleurs été fêté autour d'un couscous géant... et tout cela donne des forces pour l'avenir.