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Leur société
L'accueil de la petite enfance soumis à la loi de l'argent
Mercredi 17 février a été une journée de protestation contre les mesures gouvernementales s'attaquant à la qualité de l'accueil des jeunes enfants.
Les pouvoirs publics, qui se plaignent que les crèches coûtent cher, multiplient les offensives pour faire baisser les coûts.
Des établissements d'accueil dont la qualité se dégrade...
Le 2 février, la CNAF (Caisse nationale d'allocations familiales) a validé un nouveau décret concernant l'accueil des jeunes enfants. Ce décret prévoit notamment l'augmentation du « surbooking » dans les établissements d'accueil. En effet, sous prétexte que les jeunes enfants sont souvent malades, les administrations imposaient jusqu'à présent l'inscription de 10 % d'enfants en plus par rapport au nombre de berceaux. Avec le nouveau décret, ce surnombre obligatoire pourrait aller jusqu'à 20 %.
Les administrations prétendent également avoir du mal à recruter des éducateurs de jeunes enfants et des auxiliaires de puériculture. Alors le décret prévoit d'augmenter la proportion de personnel moins qualifié, qui passerait de 50 à 60 %.
Le décret officialise également la création des jardins d'éveil, destinés à accueillir des enfants de 2-3 ans. En mai dernier, le secrétariat d'État à la Famille prévoyait pour ces structures un taux d'encadrement de 8 à 12 enfants par professionnel - ratio déjà inférieur à celui pratiqué en crèche. Mais dans le décret validé par la CNAF, aucun taux d'encadrement n'est précisé. Autant dire que des structures pourraient se monter avec un adulte pour 15 ou 20 enfants, sous prétexte que ce n'est pas loin du ratio de l'école maternelle.
Au moment où le gouvernement supprime des milliers de postes d'enseignants, avec pour conséquence une nouvelle réduction de la scolarisation des enfants de 2 à 3 ans, il promeut des jardins d'éveil payants pour les familles dans des conditions d'accueil dégradées.
Et ce décret s'ajoute à d'autres mesures nuisibles récemment adoptées.
...Et la création de crèches au rabais
Les jeunes enfants peuvent également être confiés à des assistantes maternelles agréées par les équipes de la PMI (Protection maternelle et infantile), qui exercent à leur domicile. En décembre 2008, le gouvernement a fait passer de 3 à 4 le nombre de jeunes enfants qu'une assistante maternelle peut y accueillir. En même temps, leur formation initiale passait de 60 heures à 30 heures.
Et le gouvernement estimait sans doute qu'elles n'étaient pas encore assez rentables et productives en matière d'accueil, car le 15 novembre dernier, le Sénat votait la création de « maisons des assistantes maternelles ». Il s'agirait de regrouper des assistantes maternelles dans un local où elles pourraient garder jusqu'à seize enfants sans puéricultrice ni règle collective de fonctionnement, au mépris du bien-être et de la sécurité des enfants.
Une chose est sûre, les mesures de Nadine Morano et de Luc Chatel sont en train d'unir les professionnels de la santé, du social et de l'éducation. De nouvelles actions sont prévues pour le mois de mars.
Correspondant LO
Une première mobilisation
Le 17 février, des centaines d'établissements d'accueil de la petite enfance (crèches, haltes-garderies, haltes-jeux, jardins d'enfants) étaient fermés sur tout le territoire. Et, pour la région parisienne, nous étions nombreux, et surtout nombreuses, à manifester devant Matignon à l'appel du collectif Pas de bébés à la consigne. Ce collectif rassemble notamment des syndicats de professionnels de la petite enfance, des syndicats d'enseignants, des associations de parents d'élèves, des centres de formation et de recherche.
Il s'agissait de protester contre le décret dégradant les conditions d'accueil des tout-petits. Depuis plus de deux mois, des cartes-pétitions protestant contre ces nouvelles mesures étaient signées par les personnels et les parents. En même temps le collectif demandait sans succès une entrevue à Nadine Morano, secrétaire d'État à la Famille, à Luc Chatel, ministre de l'Éducation nationale, puis au Premier ministre.
La journée de grève du 17 février et le rassemblement parisien avaient pour but de se faire entendre face à la surdité du gouvernement. Pendant que la délégation tentait d'être reçue, les slogans fusaient : « De l'accueil, pas de garderie pour les petits » ; « Pas de bébés à la consigne, les bébés ne sont pas des sardines » ; « Le décret, à la poubelle ». Bref un rassemblement dynamique.
À son retour, la délégation nous apprenait avoir été reçue... sur le trottoir, à 150 mètres de Matignon. Un accueil qui ne manquera pas d'amplifier la colère.