Freescale (ex-Motorola) Toulouse : Les travailleurs n'abdiquent pas21/01/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/01/une2164.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Freescale (ex-Motorola) Toulouse : Les travailleurs n'abdiquent pas

Des assemblées générales, des débrayages et un jour de grève ont montré que les travailleurs de Freescale (ex-Motorola) ne désarmaient pas en ce début d'année 2010.

C'est le 22 avril 2009 que la direction annonçait son intention de licencier tout le secteur de la production du site de Toulouse, c'est-à-dire 821 salariés sur les 1 600 que l'entreprise comptait à l'époque.

Et à partir de début septembre la grève a pratiquement paralysé la production pendant cinq semaines. Pour majoritaire qu'il ait été chez les ouvriers, ce mouvement est resté isolé et n'a reçu que peu de soutien des autres catégories ou des autres secteurs, principalement des laboratoires de recherche et développement.

Pour les grévistes, il s'agissait de faire payer le plus cher possible au patron sa décision de fermeture, pour en diminuer les conséquences sur leur situation à venir. Ils se sont démenés, bloquant tantôt les bus, tantôt le métro, et jusqu'aux accès de l'aéroport, organisant une manifestation avec les autres entreprises de leur zone industrielle frappées par les plans de restructuration, organisant des barrages filtrants des accès du site, invitant « avec fermeté » la direction à ne pas quitter la salle de négociations tant que l'ordre du jour n'avait pas été épuisé. Ils ont eu droit tous les jours à une intervention des CRS venus les déloger. Ils n'ont pas obtenu ce qu'ils demandaient, mais quand même une augmentation sensible de la prime de départ, avec des planchers situés à 60 000 euros, 50 000 euros ou 40 000 euros, selon les dates de départ et l'ancienneté. Les plus bas salaires ont ainsi vu leur indemnité multipliée par deux.

Parallèlement, le service de recherche et développement en téléphonie a été fermé, avec 270 licenciements à la clé, Intel reprenant une partie de l'activité et seulement... une cinquantaine de salariés.

Malgré la pluie d'avertissements qui a suivi la fin de la grève et la demande de licenciement d'un délégué (refusée par l'inspection du travail et une majorité du Comité d'entreprise), l'agitation n'a cependant pas cessé, essentiellement dans les cinq équipes de production, et la fraternité des grévistes est intacte.

Et si ces cinq semaines sans salaire ont laissé des traces, lundi 11 janvier une assemblée a regroupé 140 travailleurs, essentiellement des deux équipes de production en 2 x 8, qui a voté une journée complète de grève.

La grève a effectivement eu lieu avec une bonne participation chez les ouvriers, du 14 au 15 janvier suivant les équipes. L'assemblée générale du 15 janvier a redéfini la revendication de la façon suivante : une prime fixe de 60 000 euros, plus six mois de salaire, le calcul de l'indemnité conventionnelle identique à celle des cadres (bien plus avantageuse), et un dispositif de type préretraite pour les seniors. La mobilisation s'est poursuivie par des assemblées et des débrayages sur les deux équipes de week-end, dans la nuit du lundi 18 et la journée du 19 janvier.

Il s'agit de maintenir la pression pendant toute la procédure officielle de validation du plan dit « social ». Et on peut parier que, d'ici la fermeture, la morgue patronale fournira bien d'autres occasions pour que la colère des travailleurs se manifeste à nouveau.

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