Sarkozy prétend lutter contre la « reproduction sociale »... Mais les pommes tombent au pied du pommier13/01/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/01/une2163.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Sarkozy prétend lutter contre la « reproduction sociale »... Mais les pommes tombent au pied du pommier

Dans son discours adressé au corps enseignant le 11 janvier, Sarkozy a promis de faire entrer 30 % de boursiers dans toutes les grandes écoles ainsi que dans les filières comme le droit ou la médecine où, selon ses mots, « la reproduction sociale est importante ».

Noble objectif que de vouloir faire pénétrer les enfants des travailleurs, les boursiers, dans les écoles où se forment « l'élite de la nation » et les cadres destinés aux plus hautes fonctions et de briser ainsi la « reproduction sociale », qui voudrait que les enfants de bourgeois soient des bourgeois et que les fils d'ouvriers restent aux manivelles...

Noble objectif donc, ou prétendu tel, mais de peu de portée. Car la question n'est pas que, d'une façon ou d'une autre, quelques enfants de travailleurs entrent à l'ENA, mais que tous les enfants de travailleurs bénéficient d'une éducation soignée, afin qu'ils puissent effectivement avoir accès à la culture que leurs parents n'ont pas pu leur donner. La « reproduction sociale » que Sarkozy prétend combattre ne commence pas à l'entrée à Polytechnique, mais à la maternelle, si ce n'est au jardin d'enfants. Pour abolir cette « reproduction », il faudra une révolution sociale. Mais pour la rectifier, ne serait-ce qu'un peu, comme l'a fait naguère l'école de la Troisième République, il faudrait y consacrer des moyens importants. Or le gouvernement de Sarkozy supprime des milliers de postes dans l'Éducation nationale chaque année.

Et puis qu'est-ce que cela changerait que quelques ex-boursiers, après de longues études et un polissage réussi, se retrouvent dans les conseils d'administration des sociétés du CAC 40 ? Eh bien, rien. Peut-être y sont-ils même déjà.

Et, lorsqu'il ne fait pas de discours, Sarkozy ne s'y trompe pas. C'est bien l'héritière d'une grande famille bourgeoise qu'il a épousée, et pas une ex-boursière méritante, bardée de diplômes mais dépourvue du charme que donnent, aux yeux du président du moins, quelques siècles de « reproduction sociale ».

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