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- Lutte ouvrière n°2163
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Leur société
Lycée Darius-Milhaud - Kremlin-Bicêtre(94) Meurtre du jeune Hakim : Derrière un événement dramatique la responsabilité du gouvernement
Vendredi 8 janvier vers 10 h 30, un élève a été poignardé par un de ses camarades dans les couloirs du lycée Darius-Milhaud, à la suite d'une dispute qui a tourné au drame. Hakim est décédé le soir même à l'hôpital Henri-Mondor de Créteil.
Cet événement a bouleversé tous les élèves et le personnel du lycée. Les cours ont été suspendus. Le rectorat a envoyé sur place dans l'après-midi du vendredi des équipes spéciales de psychologues, des inspecteurs et une « équipe mobile de sécurité » composée d'une dizaine d'agents en tenue verte censés réconforter les élèves.
Jean-Luc Laurent, maire du Kremlin-Bicêtre, et Jean-Paul Huchon, président du Conseil régional d'Île-de-France, ont déclaré l'un qu'il n'y avait eu « aucun incident notable dans cet établissement dans les années précédentes », l'autre que « le lycée était bien protégé. On avait mis des portiques de sécurité et des caméras de vidéosurveillance voilà un an et demi. Il n'y a pas de problèmes de sécurité. » Autant de mensonges grossiers (il n'y a jamais eu un tel portique...) et de mauvaise foi qui ont choqué bien des membres du personnel, parents et élèves.
Les ministres de l'Intérieur Hortefeux et de l'Éducation Chatel, arrivés sur les lieux, se sont contentés de rendre des hommages et de déclarer en substance que ce drame ne révélait en rien un manque de moyens de fonctionnement. Pourtant, même si ce meurtre a un caractère exceptionnel et qu'il est le résultat d'une explosion incontrôlable de violence, la question de la sécurité et de ses moyens se pose tout de même.
Il faut voir l'état de délabrement de ce lycée, construit il y a plus de trente ans et que la Région tarde à rénover, ne se contentant que de quelques travaux ponctuels et d'urgence ! Et surtout, dans cet établissement de banlieue qui compte environ 1 600 élèves, pour la plupart issus de milieux populaires, une douzaine de postes d'enseignants ont été supprimés par le ministère à la rentrée 2008. Les agents d'entretien, les personnels techniques, administratifs et de surveillance sont en nombre nettement insuffisant du fait de la suppression des postes et du recrutement au compte-gouttes d'un personnel de plus en plus en statut précaire. Voilà comment se traduit concrètement la politique menée par les gouvernements successifs depuis cinq ans, avec la suppression au total de plus de 50 000 postes de fonctionnaires de l'Éducation nationale.
À Darius-Milhaud, le nombre de surveillants atteint à peine une douzaine d'équivalents temps-plein, ce qui ne fait au quotidien que huit ou neuf adultes présents pour surveiller les cours de récréation, les cinq bâtiments, le réfectoire, les entrées, les salles de permanence, en plus de tout le travail administratif qu'ils doivent assumer. Plus de personnel n'aurait sans doute pas pu empêcher un tel acte, mais leur manque crucial n'arrange évidemment pas la situation.
Alors, lorsque les politiciens promettent plus de caméras et des portails détecteurs de métaux, cela ne répond en rien à la question de la diminution des actes de violence en milieu scolaire. Cela revient surtout moins cher que d'embaucher les dizaines de milliers de membres du personnel qui manquent cruellement aujourd'hui dans les établissements scolaires de ce pays. Mais ce qu'il faudrait, ce sont justement des moyens humains pour encadrer réellement les jeunes et créer de véritables rapports sociaux, formateurs et éducatifs.
Quand Sarkozy parle de « sanctuariser » les lycées, il se moque du monde, car non seulement sa politique de réduction du personnel va strictement à l'inverse de cela, mais chacun sait bien que l'école n'est pas en dehors de la société et des difficultés croissantes auxquelles les familles des élèves sont confrontées, surtout celles des milieux les plus populaires. Et ce sont ces difficultés qui sont bien souvent à l'origine de telles violences.