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Dans le monde
Rwanda : Un million de morts plus tard, l'impérialisme français veut reprendre pied
Dimanche 29 novembre, le gouvernement français a annoncé le rétablissement des relations diplomatiques entre la France et le Rwanda.
Ces relations avaient été rompues en 2006, après l'émission par la France de mandats d'arrêt contre neuf responsables rwandais, dont le président actuel Paul Kagamé, accusés d'avoir préparé l'attentat commis dans la nuit du 6 au 7 avril 1994 contre l'avion de l'ancien président Juvénal Habyarimana, dont la mort avait été le point de départ du génocide.
Les extrémistes Hutus au pouvoir avaient saisi ce prétexte pour exterminer près d'un million de Tutsis, les accusant d'être responsables de l'attentat. Les représentants de l'impérialisme français, qui soutenaient depuis longtemps déjà la dictature d'Habyarimana, aidèrent les massacreurs, l'armée officielle rwandaise tout comme les milices hutus. Mais, malgré l'accumulation de preuves, depuis 1994 ils n'ont pas cessé de mentir en niant toute responsabilité dans le génocide.
L'impérialisme français a continué à soutenir les Hutus longtemps après la victoire de Paul Kagamé, le chef des opposants tutsis à Habyarimana, et son arrivée au pouvoir.
Mais il ne pouvait pas risquer de laisser à d'autres impérialismes ce qui fut durant quarante ans une chasse gardée. Aussi fallait-il renouer avec Paul Kagamé. Cela explique sans doute la décision prise à la mi-novembre, par la ministre de la Justice Michèle Alliot-Marie, d'envoyer deux juges françaises au Rwanda pour étudier les cas des réfugiés rwandais en France suspectés d'être impliqués dans le génocide... quinze ans après les faits dramatiques.
C'étaient là quelques signaux en direction du président rwandais, alors que de son côté celui-ci semblait justement chercher et trouver des soutiens ailleurs. Ainsi ce même dimanche 29 novembre, curieuse coïncidence, le Rwanda, pays francophone, ancienne possession coloniale allemande, puis belge jusqu'à son indépendance en 1962, est devenu membre du Commonwealth, qui réunit en majorité les anciennes colonies britanniques.
L'impérialisme français a depuis bien longtemps des visées sur cette région centrale de l'Afrique à laquelle appartient le Rwanda et il n'a pas cessé d'y intriguer, même si elle ne faisait pas partie de son ancien empire colonial. La vague de décolonisation du début des années 1960 ayant entrouvert les anciennes chasses gardées du continent, la France s'est cramponnée aux siennes, tout en regardant aussi à côté, notamment du côté des anciennes chasses gardées de la Belgique, ces pays qui allaient devenir le Rwanda, le Burundi et surtout le Congo ex-Zaïre, et qui regorgent de richesses, minières en particulier.
La défense des ses intérêts politiques et économiques dans cette partie de l'Afrique guide, depuis quarante ans, la politique de l'impérialisme français, et donc ses choix de soutenir tel ou tel dictateur africain.