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- Lutte ouvrière n°2157
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Le 49e congrès de la CGT : Un congrès très bien préparé... par et pour Thibault
À l'approche du 49e congrès de la CGT qui doit se dérouler à Nantes la deuxième semaine de décembre, la direction de la confédération ne semble guère préoccupée. Pourtant, bien des militants de la CGT, même sans être vraiment contestataires à l'égard de Bernard Thibault, ressentent un malaise face à l'orientation toujours plus attentiste de leur direction.
La CGT est, et de loin, le syndicat qui possède la base la plus militante, la plus nombreuse et la plus combative. Mais ses dirigeants rêvent d'être des interlocuteurs du gouvernement, au même titre que les autres confédérations qui elles, n'ont rien à prouver, et qui ont montré qu'elles étaient prêtes à signer n'importe quel compromis.
L'attitude très modérée de Thibault et de la direction de la CGT n'est pas un trait de caractère, c'est un choix politique. C'est ce choix qui crée le malaise confus qui existe au sein de secteurs entiers de la CGT. Et c'est ce mécontentement qui aura bien du mal à se faire entendre lors du prochain congrès.
Car s'il y a bien longtemps que les congrès de la CGT sont formatés et préparés pour avoir l'aspect décidé par la direction, cette année la place à la contestation a encore été réduite. Les mille militants qui devraient assister à ce congrès ont été choisis, dans la plupart des cas, sans qu'il y ait eu d'élection de délégué, mais plutôt par une simple désignation des instances dirigeantes. Il est rare que le choix des dirigeants des unions départementales ou des fédérations ait été soumis à des assemblées, à qui on demandait simplement de les entériner. Et c'est encore plus rarement que le choix des délégués a pu être issu d'un choix tranché par la base entre différents candidats. Et parfois, quand bien même des candidats se faisaient connaître dans les délais annoncés, ils se voyaient répondre que le délégué avait déjà été choisi. Ce choix a même pu se porter sur de nouveaux adhérents, ayant quelques mois d'adhésion à la CGT, sans expérience militante et même parfois sans grande activité syndicale, en lieu et place de militants expérimentés, qui auraient pu représenter vraiment leur syndicat.
La vigilance des instances a été encore plus loin, puisque parfois, le choix fait à des échelons inférieurs de la confédération a été remis en cause par la haute direction, les responsables locaux étant priés de présenter un autre délégué ayant l'aval des états-majors centraux.
L'appareil de la CGT ne s'en est même pas caché, puisque dans une brochure intitulée « Le congrès, c'est nous », on peut lire : « Le processus de désignation des délégués des syndicats au congrès relève d'une coopération active entre fédérations et unions départementales. C'est cela qui permet que la participation au congrès soit représentative de la diversité du salariat et des adhérents de la CGT (mixité, présence des jeunes, et reflets des diversités d'origine et d'expériences...) ».
La désignation des délégués par l'appareil, dans les congrès de la CGT, ne date pas d'aujourd'hui. Les discussions d'orientation, dans un temps pas si éloigné, étaient taxées de fractionnisme. Mais cette année, les choses ont été plus verrouillées.
La direction est consciente du mécontentement latent de nombreux militants qui, sans pour autant avoir de perspectives claires dans cette période où la démoralisation du monde du travail est profonde, aspireraient à une autre orientation, au moins plus radicale dans la forme. La direction a donc décidé de limiter le plus possible les expressions de ce malaise.
Par ailleurs, les instances dirigeantes seront verrouillées. L'ensemble du bureau confédéral sera par exemple renouvelé et ramené à huit membres au lieu de douze. Bernard Thibault peut donc être sûr d'avoir l'appareil qu'il désire.
C'est aux côtés de leurs camarades de travail que les militants de la CGT qui le souhaitent pourront donner une toute autre allure à la lutte sociale et aux combats qui immanquablement se produiront, dans un avenir peut-être pas si lointain.