Continental - Sarreguemines (Moselle) : grève victorieuse : la direction obligée d'annuler son plan02/12/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/12/une2157.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Continental - Sarreguemines (Moselle) : grève victorieuse : la direction obligée d'annuler son plan

À la suite de la grève entamée samedi 28 novembre, la direction de Continental a dû remballer précipitamment, deux jours plus tard, son plan d'augmentation des horaires sans salaire à l'usine de Sarreguemines.

Peu de temps auparavant, la direction avait déjà évité de justesse l'affrontement avec les 1 300 salariés de l'usine. En effet, elle avait eu le culot d'annoncer, malgré les promesses faites au moment de l'annonce de la fermeture de l'usine de Clairoix, qu'elle envisageait de supprimer une des équipes de fin de semaine, dite VSD. Elle licenciait des dizaines d'intérimaires, et elle entendait baisser la production de près de 20 %.

L'immense majorité du personnel s'était préparée à répondre à l'appel à la grève des syndicats. C'est la venue soudaine d'un dirigeant de la direction internationale d'Allemagne qui avait amené à la suspension de l'appel à la grève. La direction a alors cru qu'elle avait repris la main.

Du coup, vendredi 27 novembre, le directeur est venu jouer sa partition. Il a débarqué dans les équipes de VSD pour annoncer son nouveau plan. En échange d'une vague promesse que, si la situation économique ne se détériorait pas, il n'y aurait pas de licenciements d'ici 2014, il exigeait dès le début 2010 que les salariés des équipes de fin de semaine, dites VSD, travaillent 314 heures de plus dans l'année, sans être payées, ce qui correspond à 7 heures de plus par semaine. Pour les équipes de semaine, il exigeait 135 heures de travail gratuit, soit 3 heures par semaine de plus. Le lendemain, il déclarait à quelques chefs : « Ça s'est bien passé, si j'avais fait ça à Toul (ancienne usine Kleber) ou à Clairoix, j'aurais reçu des chaises sur la tête. » Propos imprudents !

En effet, rapportées par une partie de la maîtrise, ces paroles ont soulevé l'indignation chez les ouvriers, ceux-ci déclarant : « On va lui montrer si on est des moutons. » La grève démarra et devint vite quasi unanime.

De grands feux de pneus montraient, à des kilomètres à la ronde, que les travailleurs de Continental étaient en colère. La grève se maintint le dimanche 29 novembre et, alertées, les équipes de semaine du lundi prirent le relais aux côtés de leurs 200 camarades de VSD qui les attendaient. Tout annonçait que cette grève spontanée, en riposte aux provocations de la direction, promettait d'être dure. Dans la matinée du 30 novembre, ayant pris la mesure de ce qui les menaçait, les représentants de Continental firent donc marche arrière et acceptèrent les exigences du personnel : le retrait total du plan de la direction était acté. Des cris de joie ponctuèrent cette annonce. Les grévistes avaient gagné !

Pour marquer le coup, des équipes d'ouvriers interdirent encore l'entrée de l'usine quelques heures et le travail ne reprit vraiment qu'avec l'équipe d'après-midi. Il est certain que la lutte victorieuse des travailleurs de l'usine de Clairoix, venus par deux fois dans l'usine de Sarreguemines, a redonné confiance à bien des travailleurs, en leur montrant qu'un grand trust comme Continental pouvait être contraint de reculer devant des travailleurs décidés. Il semblerait qu'il n'y ait que la direction qui n'ait pas compris cela. Les travailleurs, renforcés par cette grève, eux, sont bien décidés à rester vigilants.

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