Vaccination contre la grippe A : Échec, pagaille et gâchis18/11/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/11/une2155.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Vaccination contre la grippe A : Échec, pagaille et gâchis

La campagne de vaccination de masse contre la grippe A est un fiasco. À peine 10 % des personnels de santé ont répondu à l'appel, les six millions de personnes prioritaires ne se précipitent pas et, à en croire les sondages, 20 % seulement de la population serait prête à faire le pas. Et ce n'est pas la dernière mise en scène de Roselyne Bachelot, se faisant vacciner sous l'oeil d'un imposant essaim de caméras, qui peut inverser la tendance.

C'est que le souvenir est resté vivace des scandales, notamment de l'hormone de croissance et du sang contaminé, où les gouvernements ont été bien plus prompts à satisfaire les objectifs de rentabilité commerciale des industriels de la santé que les impératifs de sécurité sanitaire de la population. Alors, beaucoup doutent de la qualité des vaccins, du sérieux des essais cliniques, de l'innocuité des adjuvants, de bien des aspect de cette campagne de vaccination de masse.

Son objectif est de bloquer l'épidémie. Quand la décision a été prise, on savait que cette grippe A est très contagieuse, qu'elle peut toucher plus du quart de la population, que son taux de mortalité avoisine les un pour mille et que, pour près des trois quarts, les décès concernent des personnes jeunes de moins de 40 ans. C'est dire le nombre de malades et de décès qu'elle peut occasionner, la surcharge des services hospitaliers d'urgence et de réanimation - déjà proches de l'asphyxie - qu'elle peut entraîner. C'est dire l'intérêt de la vaccination contre une épidémie qui pourrait bien ne pas être une simple « gripette ».

Ce n'est donc pas la décision d'une vaccination de masse qui est absurde. Mais son organisation est aberrante, avec des centres de vaccination éloignés (à peine un peu plus de mille centres pour tout le territoire) sans aucun moyen de transport prévu pour les rejoindre, dans des gymnases ouverts à des heures ne permettant pas à ceux qui travaillent de venir se faire vacciner. Tout cela alors que les médecins généralistes qui ont la confiance de leurs malades et qui sont tout de même plus de 80 000, se sont vu opposer une interdiction de vacciner. Même si Roselyne Bachelot a entrouvert depuis la porte sur ce sujet, on risque d'aboutir à ce que des sujets fragiles, qui sont vaccinés chaque automne contre la grippe saisonnière par leur généraliste, ne seront pas vaccinés contre la grippe A.

Cette campagne s'annonce comme un gigantesque gâchis où une grande partie des 94 millions de doses risquent fort de rester dans les frigos. De plus sous prétexte de livrer à temps ses vaccins, le laboratoire qui les commercialise les a conditionnés dans des flacons contenant dix doses. Or, dès qu'un flacon est ouvert, il ne peut et ne doit pas être conservé au-delà de 24 heures. Au regard de l'affluence dans les centres de vaccination au cours des premiers jours de la campagne, on imagine le nombre de doses qui ont dû être mises à la poubelle, chaque soir.

Si l'épidémie se développe vraiment, des millions d'hommes et de femmes seront touchés, des dizaines de milliers feront des formes graves, des milliers en mourront parce qu'ils n'auront pas été vaccinés à temps. Tout cela alors qu'on aura grassement payé 94 millions de doses de vaccins ! Après les scandales de l'hormone de croissance, du sang contaminé, de la canicule... devra-t-on ¬parler du « scandale de la grippe A » ?

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