Fonderies du Poitou Alu - Ingrandes (Vienne) : Le Monopoly capitaliste continue18/11/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/11/une2155.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Fonderies du Poitou Alu - Ingrandes (Vienne) : Le Monopoly capitaliste continue

Filiale de Renault lors de son ouverture en 1981, puis reprise par le groupe italien Teksid-Fiat en 1999 pour être ensuite rachetée en 2002 par le fonds d'investissement américain Questor, et se retrouver, en octobre 2007, sous la férule du fonds d'investissement allemand Bavaria Industriekapital, la fonderie aluminium FDPA implantée à Ingrandes, est en passe d'être de nouveau vendue, d'ici janvier prochain, cette fois-ci au groupe industriel Montupet. Cela ne fait pas moins de quatre repreneurs en dix ans !

Lors du rachat par Bavaria, les promesses d'investissements n'étaient faites - ce n'est pas une surprise - que pour ceux qui y croyaient. Le PDG actuel des Fonderies du Poitou Alu regrettait dans la presse locale, il y a peu, que la situation financière léguée par l'ancien propriétaire ait interdit « même d'entretenir notre outil industriel comme il devait l'être », avant de présenter le futur repreneur comme étant digne de confiance pour investir, au motif qu'il est un « industriel ». Il ajoutait lors de la même interview : « Notre avenir nous appartient. » Le patron tentait de masquer que ce sont les actionnaires - qu'ils soient « financiers » ou « industriels » - qui décident, le regard rivé sur leurs profits, quelles que soient les conséquences pour l'outil industriel... et l'emploi des ouvriers.

Le groupe Montupet, qui sera donc le nouveau repreneur, produit des culasses pour l'industrie automobile (Renault, PSA, Ford...) et regroupe près de 3 500 salariés à travers le monde (Irlande, Bulgarie, Chine...). En France, ses deux sites de production se trouvent à Laigneville (Oise) et Châteauroux (Indre). Les Fonderies du Poitou Alu, dont l'effectif atteint 537 travailleurs, seraient donc reprises par une filiale irlandaise de ce groupe privé.

Depuis plusieurs semaines, les discussions vont bon train dans l'usine à propos de ce rachat et nombre d'entre nous sont inquiets, d'autant plus que nous venons d'apprendre que la fabrication attendue d'une nouvelle culasse, d'un volume important, sera orientée vers... Montupet et un de ses concurrents, Némak. La procédure de vente des fonderies a été bloquée un certain temps par les syndicats, qui refusaient de donner leur avis - qui n'est que consultatif - lors des Comités d'établissement. Ils exigeaient, en effet, des garanties de la part du repreneur quant au maintien des accords d'entreprise et des éclaircissements sur l'avenir de l'usine. Le PDG de la Fonderie Alu faisait mine alors de s'étonner des craintes soulevées par l'opération en cours. Il poussait le cynisme jusqu'à déclarer dans un journal local, en faisant référence aux élus du CE et en justifiant le comportement de Renault et PSA vis-à-vis des sous-traitants : « Ils veulent des garanties [les syndicats] ? Mais qui, aujourd'hui, peut donner des garanties à quelque fournisseur que ce soit ? » demandait-il. Bien sûr Montupet, Renault et PSA sont des acteurs de l'économie capitaliste tirant chacun la couverture à soi dans leur course au profit. Et même si, aujourd'hui, les repreneurs semblent s'engager à maintenir les accords d'entreprise (pour combien de temps ?), ils sont bien plus évasifs sur les futurs investissements envisagés, la politique salariale, etc.

Mais justement, puisque tous ces gens-là s'estiment incapables aujourd'hui de « donner des garanties » aux travailleurs, ils ne manquent ni de capitaux ni de richesses pour le faire. Alors il faudra les y forcer.

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