Taxe professionnelle, réforme territoriale... Quand la droite renâcle04/11/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/11/une2153.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Taxe professionnelle, réforme territoriale... Quand la droite renâcle

24 sénateurs de droite, emmenés par l'ancien Premier ministre Raffarin, viennent d'annoncer qu'ils ne voteraient pas « en l'état » la suppression de la taxe professionnelle. De même, un groupe de parlementaires de la majorité a donné sur le futur grand emprunt un avis non conforme à celui de Sarkozy, réclamant que le montant de celui-ci atteigne le double du chiffre annoncé de 40 ou 50 milliards.

Cela fait quelques semaines que Sarkozy et son gouvernement accumulent les déconvenues avec leur majorité. Avant la fronde menée par Raffarin, il y a eu les critiques de Balladur et surtout de Juppé sur la réforme des collectivités territoriales et la suppression de la taxe professionnelle. On a vu le député UMP Lamour faire passer, contre le souhait du gouvernement, un amendement taxant les bénéfices des banques, « erreur » qui a vite été réparée par un nouveau vote. On a vu aussi la droite voter un autre amendement supprimant un avantage fiscal des clubs sportifs professionnels, là encore contre les voeux des ministres concernés

De toute évidence, un certain nombre de politiciens de droite commencent à s'inquiéter devant l'avalanche verbale de Sarkozy, le torrent de discours non suivis d'effets et l'accumulation de promesses non tenues. D'autres, ou les mêmes, renâclent contre la réforme des collectivités territoriales qui leur rendra la vie moins facile. Ces députés et sénateurs sont aussi maires et présidents de Conseils généraux et n'accepteront pas facilement que l'État rogne leurs budgets et convoite une part de leur gâteau, même si c'est pour en faire cadeau aux grands groupes capitalistes. La taxe professionnelle représente la moitié des revenus des communes, y compris évidemment de celles qui sont gérées par la droite. Sa suppression pure et simple serait aussi une catastrophe pour elles. Juppé, ex-Premier ministre de Chirac, ex-ministre de Sarkozy et actuellement maire de Bordeaux, a accusé le gouvernement de se « foutre du monde » en la matière. Ce sont logiquement des sénateurs, en grande partie élus pour neuf ans par les maires et relativement moins dépendants de la présidence que les députés, qui protestent le plus fort.

De plus, la défense exclusive des profits des grandes entreprises industrielles et financières amène le gouvernement à laisser sombrer une partie de la clientèle électorale traditionnelle de la droite : agriculteurs petits et moyens, petits patrons, artisans, pêcheurs, tous en proie aux difficultés économiques. Cela, ajouté à l'ostentation provocante de Sarkozy, à ses vacances de milliardaire comme à ses dépenses somptuaires de président de l'Union européenne, pourrait bien faire perdre des électeurs aux représentants de l'UMP.

C'est sur ce fond que s'esquissent maintenant quelques manoeuvres politiques. Il subsiste à l'UMP bien des députés et surtout des sénateurs chiraquiens. C'est un clan qui, au sein de la droite, attend son heure pour profiter des difficultés de son rival. En se posant en alternative, Villepin cherche visiblement le soutien des mécontents du sarkozysme. Séguin, président de la Cour des comptes, a de son côté apporté de l'eau au moulin chiraquien en révélant les dépenses somptuaires de la présidence française de l'Union européenne. Chirac et Pasqua, même en butte à la justice, n'ont peut-être pas dit leur dernier mot.

Il est vrai que Sarkozy conserve de son côté la possibilité, en distribuant postes, prébendes et investitures, d'acheter bien des fidélités et de calmer bien des ardeurs. Mais, dans le contexte de la crise, l'UMP n'est pas à l'abri d'une lutte ouverte entre les deux clans, dont le procès Clearstream n'aurait été que le hors-d'oeuvre.

Quant à savoir en quoi sarkozystes et chiraquiens pourraient représenter une politique différente du point de vue des travailleurs, personne ne se pose la question, même pas eux.

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