Madrange - Limoges (Haute-Vienne) : Chantage au licenciement pour imposer une baisse de salaire04/11/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/11/une2153.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Madrange - Limoges (Haute-Vienne) : Chantage au licenciement pour imposer une baisse de salaire

Lundi 2 novembre, une centaine de travailleurs de Madrange (charcuterie industrielle qui emploie un millier de travailleurs) ont assisté à l'audience en référé du tribunal de grande instance devant lequel étaient assignés les délégués au Comité central d'entreprise.

La direction les accuse, parce qu'ils ont refusé de donner un avis sur le plan de sauvegarde de l'emploi (PSE) qu'elle a mis en route, de « manoeuvres dilatoires mettant l'entreprise en péril » et donc de « trouble illicite ». Elle a demandé au juge de requalifier leur refus de donner un avis, et de le considérer comme un avis défavorable ; une telle décision lui permettrait en effet de commencer à envoyer les lettres de licenciement. Le juge a renvoyé sa décision au vendredi 6 novembre.

Après une véritable saga digne de Dallas, et avoir reçu 5 milliards d'euros d'aides publiques en cinq ans, Madrange a été racheté par le groupe Turenne-Lafayette dont la patronne, Monique Piffaut, possède aussi l'entreprise Paul Prédault. Le fils de l'ancienne patronne, Jean Madrangeas, en est resté le PDG. Monique Piffaut avait annoncé qu'elle comptait réorganiser la partie administrative. En fait, le plan de restructuration qui se met en place va bien au-delà. Selon son avocate, Madrange perdrait 800 000 euros par mois et le blocage de la mise en place de son PSE par le CCE mettrait l'entreprise sur la paille ! Elle n'a rien dit des dividendes versés aux actionnaires ces dernières années et depuis le rachat par Turenne-Lafayette.

209 suppressions de postes ont été annoncées, qui concernent uniquement des emplois qualifiés et à responsabilité, notamment les pilotes de ligne de production, à partir du coefficient 170, c'est-à-dire les meilleurs salaires. Du fait de départs volontaires, Madrange annonce maintenant 135 licenciements. L'entreprise propose de les reclasser sur les deux sites de Limoges, mais au coefficient 140, c'est-à-dire avec une perte de salaire allant de 200 à 800 euros.

Après des séries de débrayages et une grève suivie à 40 % le 11 septembre, la direction a proposé de maintenir les salaires pour l'année 2010, puis de compenser la perte de manière dégressive en quatre étapes pour l'année 2011 et de ne plus compenser qu'à 50 % à partir de 2012, ce qui fait tout de même une perte de salaire de 100 à 400 euros. De même, elle voulait supprimer totalement le travail de nuit de 153 personnes, avec la perte de revenu liée à la perte des primes. Finalement, elle n'en supprimera qu'une partie « au volontariat ». Le but est de faire coûte que coûte des économies sur les salaires, économies chiffrées à 7 millions d'euros par les syndicats.

Le groupe Turenne-Lafayette a racheté Madrange, pas pour fabriquer du jambon, mais pour que cela lui rapporte, et très vite.

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