Logement : De plus en plus d'expulsions04/11/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/11/une2153.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Logement : De plus en plus d'expulsions

La trêve hivernale qui empêche les expulsions a débuté le 1er novembre. Les locataires menacés d'être jetés à la rue pour cause de loyers impayés ont donc un répit de quelques mois. Mais il sera bien insuffisant pour régulariser leur situation ou trouver un autre logement d'ici le 15 mars 2010, date où les expulsions reprendront.

Les associations qui se battent pour le droit au logement estiment à 500 000 le nombre de ménages en situation d'impayés et à 1,8 million ceux qui ont des difficultés à s'acquitter de leur loyer. En dix ans, les expulsions ont augmenté de 150 %. Et en 2008, selon la Fondation Abbé-Pierre, 11 294 ont été réalisées avec le concours de la force publique. Nombre « auquel il faut ajouter celles qui se font lors de la venue de l'huissier et les personnes qui partent d'elles-mêmes après avoir reçu leur jugement », rapporte son président, qui chiffre entre 50 000 et 60 000 le nombre de locataires effectivement mis à la porte de leur logement. Avec la crise, la montée du chômage et la dégradation des conditions d'existence qui s'accélère pour un nombre croissant de travailleurs, la situation risque d'être encore pire en mars prochain.

Autre constat : la loi sur le droit au logement opposable, ou loi Dalo, n'est pas respectée par l'État. Votée à son de trompe en mars 2007 et présentée par le gouvernement comme le remède au mal-logement, cette loi fait obligation à l'État de fournir un logement décent à ceux qui en font la demande. Or, plus de deux ans après, « au moins 7 250 ménages désignés prioritaires pour un logement par les commissions mises en place n'avaient pas reçu d'offre dans le délai légal », dénonce Xavier Emmanuelli, qui préside le comité de suivi du Dalo.

Et pour cause : le logement social est en panne. D'une part parce que les promoteurs privés investissent dans ce qui leur rapporte le plus, bureaux ou logements de luxe, et d'autre part parce que la loi SRU, qui oblige les communes de plus de 3 500 habitants à avoir 20 % de logements sociaux sur leur territoire, est aisément contournée : de trop nombreuses municipalités préfèrent en effet s'acquitter de l'amende qui leur est imposée plutôt que de respecter ce quota.

Le logement social n'est pas la préoccupation du gouvernement, qui n'applique même pas ses propres lois, qu'il s'agisse de la loi SRU, du Dalo, et encore moins de celle, plus ancienne, qui autorise la réquisition de logements vacants. Il ne fait rien pour empêcher que des dizaines de milliers de personnes ne deviennent des SDF dans les mois à venir.

Partager