L'État a commandé 94 millions de doses de vaccin anti-grippe H1N1 à quatre laboratoires pharmaceutiques, Sanofi-Pasteur, Glaxo, Novartis et Baxter. Ces laboratoires se frottent les mains pour le pactole qu'ils vont empocher. L'État semble avoir été particulièrement généreux avec les industriels, puisque Roselyne Bachelot a donné le chiffre de 804 millions d'euros pour l'ensemble de ces contrats.

C'est même ce qui semble gêner aujourd'hui la ministre, qui rechigne à faire sortir de l'ombre les contrats signés dans la plus grande opacité avec les laboratoires. Ainsi, si on peut consulter ces contrats sur le site de l'EPRUS (Établissement de préparation et de réponse aux urgences sanitaires), on ne connaîtra ni les montants totaux ni les montants par dose, en vertu « du secret en matière commerciale et industrielle, notamment le secret des procédés ».

Selon certaines estimations l'État devrait verser 175 millions d'euros à Sanofi-Pasteur (6,25 euros la dose), 150 millions à Novartis (9,34 euros la dose), 350 millions à Glaxo (7 euros la dose) et 500 000 euros à Baxter (10 euros la dose). Mais il n'a pas été arrangeant que sur le plan financier. Ainsi, il a accepté de ne demander aucune indemnité de retard en cas de non-respect des délais de livraison, allant même jusqu'à accorder à Novartis et Sanofi-Pasteur une « garantie contre les conséquences de toute réclamation ou action judiciaire qui pourraient être élevées... dans le cadre des opérations de vaccination ».

Dans le même temps on apprenait que certains groupes d'experts appelés à conseiller le gouvernement sont financés totalement par les laboratoires. C'est le cas du GEIG (Groupe d'expertise et d'information sur la grippe) financé à 50 % par Sanofi et MSD et par 50 % par Glaxo, Novartis, Pierre Fabre et Solvay. Le président de son comité scientifique, Bruno Lina, avait participé aux côtés de Roselyne Bachelot à la conférence de presse de lancement de la campagne de vaccination, à un moment où tous les experts parlaient encore de la nécessité d'une double dose, quand aujourd'hui il apparaîtrait qu'une seule suffirait.

Opacité des contrats, loobying des trusts pharmaceutiques, l'épidémie de grippe A et la vaccination contre le virus fournissent une occasion de plus à certains trusts de s'enrichir avec la complicité active des responsables gouvernementaux.

C.D.