Électricité : Menaces de coupures cet hiver... et de hausses ensuite04/11/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/11/une2153.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Électricité : Menaces de coupures cet hiver... et de hausses ensuite

Selon le RTE (Réseau de Transport d'Electricité) il pourrait y avoir un déficit de courant cet hiver, entre fin novembre et fin mars, nécessitant des importations et peut-être même des délestages, c'est-à-dire des coupures, pour éviter un effondrement du réseau.

Au fil des années, le chauffage électrique des logements s'est développé ainsi que l'emploi de radiateurs électriques d'appoint. En cas de grand froid, quand tous ces appareils se mettent en route en même temps, en soirée vers 19 heures, les centrales nucléaires qui produisent l'essentiel, du courant ont du mal à suivre. En outre, certaines seront à l'arrêt pour entretien ou pour chargement du combustible nucléaire. EDF prétend que les grèves du printemps 2009 ont retardé ces opérations, et qu'en somme les difficultés à venir seraient la conséquence des grèves ! Mais, comme d'habitude, en matière d'énergie nucléaire les affirmations de la direction sont quasiment invérifiables.

Toutefois le journal économique Les Échos note que « ce n'est pas la seule raison (...) le groupe (...) faute d'investissements suffisants est confronté à des problèmes techniques. C'est le cas en ce moment sur un réacteur à Flamanville ».

« Faute d'investissements suffisants » ! On croit rêver en considérant les milliards d'euros ou de dollars qu'EDF et ses comparses (Areva) investissent dans des pays étrangers pour acheter des réseaux, construire des centrales nucléaires aux États-Unis, en Grande-Bretagne, en Chine, etc.

Remarquons, en passant, que les éoliennes qui se multiplient (il y en a plus de 2 000), et dont on pourrait légitimement attendre un apport, ne servent strictement à rien. En temps normal elles ne fonctionnent que le quart du temps en moyenne : elles s'arrêtent quand il n'y a pas assez de vent ou quand il y en a trop. Et en hiver, par grand froid, fréquemment il n'y a pas de vent du tout !

En tout cas il ne faudrait pas croire que cette pénurie annoncée serait gênante pour EDF, bien au contraire. S'il devait y avoir quelques coupures ici ou là ce serait un excellent argument pour faire pression sur l'opinion publique en prétendant qu'il faut davantage d'investissements en France (ce qui est exact) et qu'en conséquence il va bien falloir augmenter les tarifs !

On est en train de connaître l'amorce d'une situation « à la californienne » où une pénurie, en grande partie provoquée, permettrait de préparer une hausse des prix.

André VICTOR

NOME : Un rapport qui ne présage rien de bon

Un avant-projet de loi sur la nouvelle organisation du marché de l'électricité (NOME) circule dans les milieux concernés.

Deux aspects essentiels (et pas nouveaux) sont envisagés. D'une part l'obligation pour EDF de « conclure des contrats de vente d'électricité, à des conditions représentatives de production de l'électricité par les centrales nucléaires (...) avec les fournisseurs d'électricité qui en font la demande ». Les fournisseurs en question (Poweo, Direct Energy...) sont les concurrents d'EDF qui ne produisent pas, ou quasiment pas, d'électricité eux-mêmes et qui doivent forcément l'acheter avant de la revendre.

Ils auraient droit à un cadeau tiré sur la « rente nucléaire ». Or ce sont les clients d'EDF, et eux seuls, qui ont financé, durant les décennies passées et aujourd'hui encore, la construction et l'entretien des centrales nucléaires. Mais pourquoi consentir ce cadeau stupide à des concurrents créés de toute pièce, uniquement pour justifier la concurrence dans un secteur où le marché n'existait pas et où tout le monde s'en portait fort bien ?

L'autre volet essentiel concerne la suppression des tarifs réglementés (ceux fixés par l'État) à partir du 31 décembre 2015, ce qui ouvrirait largement les portes à toutes les hausses de tarifs.

Il s'agit d'un projet, pas encore d'une décision, mais chacun sait que c'est vers cela que veulent tendre EDF et le gouvernement.

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