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- Lutte ouvrière n°2149
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Leur société
Discours sécuritaire : Récidive... de démagogie électorale
Après l'assassinat dont a été victime une mère de famille qui faisait son jogging dans la forêt de Milly-la-Forêt, la droite a entonné une nouvelle fois le couplet sécuritaire, l'auteur de ce crime était un récidiviste, qui de plus avait bénéficié d'une remise de peines.
Hortefeux et Fillon, en rajoutant une couche, n'ont pas hésité à mettre en cause le laxisme des juges. C'est tout juste s'ils n'étaient pas accusés d'être responsables de ce meurtre, alors que les mesures de libération anticipée décidées par le juge d'application des peines étaient conformes à la loi et aux pratiques en pareille circonstance. Marine Le Pen n'a pas voulu être en reste et elle a mis en cause l'abolition de la peine de mort, réclamant au moins la remise en place de la condamnation à la prison à vie, la « guillotine sèche ».
Les représentants du gouvernement n'ont donc pas perdu de temps pour mettre à profit cet horrible fait-divers et annoncer une loi, une de plus, pour empêcher, disent-ils, les récidives. Aucun d'entre eux n'ignore pourtant que c'est impossible. Ils savent bien que tenter d'en réduire le nombre est hypothétique particulièrement quand il s'agit de délits sexuels. Les dispositions répressives ne règlent pas les problèmes de fond et l'urgence n'est donc pas d'en ajouter de nouvelles, à la va-vite. Tous les spécialistes sérieux en conviennent, il faut se donner plus de moyens pour soigner les délinquants et multiplier les mesures dites d'accompagnement, ce qui permettrait peut-être, sans aucune garantie de résultats, de réduire les risques de ces récidives. Or, dans les prisons, les moyens des services médico-psychologiques sont dérisoires, les agents chargés du suivi du contrôle judiciaire ont chacun des centaines de dossiers à suivre. Même pour le bracelet électronique, présenté comme un des moyens les plus efficaces, qui concilierait la remise en liberté d'un détenu après l'accomplissement de sa peine et une surveillance judiciaire, les moyens sont limités et il n'existe aucun service sérieux de suivi.
La montée en épingle de faits-divers est une spécialité de la droite, et Sarkozy est un multi-récidiviste dans ce domaine. Depuis qu'il est aux affaires, soit dans le rôle de ministre de l'Intérieur musclé, soit dans celui de président de la République, il utilise les mêmes discours « sur la défense des victimes, plutôt que des assassins et des violeurs », sans que d'ailleurs rien ne change. Les chiffres de la délinquance montrent l'inefficacité des choix de la majorité en matière de sécurité, tout en alimentant, paradoxalement, la campagne sécuritaire de la droite, comme par hasard, quelques mois avant une échéance électorale.