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- Lutte ouvrière n°2149
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Dans les entreprises
Caterpillar - Grenoble-Echirolles : La démocratie des maîtres chanteurs
À la fin du conflit du printemps dernier contre les licenciements imposés par Caterpillar dans ses deux usines de l'Isère, la direction avait obtenu le soutien des syndicats FO, CFTC et CFDT pour signer un accord qui aurait limité à 600 (au lieu de 733) le nombre de licenciements en échange d'une modification, à son avantage, des conditions de travail des ouvriers. Il s'agissait notamment d'imposer de nouveaux horaires pour les équipiers et surtout la flexibilité avec des périodes hautes ou basses et une mobilité imposée quand elle le décide, en fonction « des aléas de production ». Cette plus grande flexibilité, la direction la recherchait en fait depuis le troisième trimestre 2008, au moment où commençait le chômage partiel. Mais, à chaque tentative, les travailleurs réagissaient avec force et cela jusqu'en juin 2009.
Après la signature de cet accord par trois syndicats, la direction avait voulu le soumettre à une consultation de tous les salariés. Les travailleurs, encore mobilisés, avaient voté massivement « non » à ce « référendum-chantage ». Mais la direction remettait cela à la rentrée. Pour obtenir un « oui » lors du référendum, tenu le mardi 29 septembre, elle a mis le paquet. Les cadres et employés, pas directement concernés, votaient aussi et même les ouvriers en congé reclassement, licenciés en juillet, auxquels on avait promis 6 à 7 000 euros de plus en cas d'acceptation de cette flexibilité.
Avec toute cette pression, il n'est guère étonnant que le « oui » l'ait emporté avec 64 % des votants. Cependant, à y regarder de plus près, le « oui » ne recueille que 53 % chez les ouvriers de la production.
Caterpillar donne là une bonne leçon de pseudo-démocratie patronale, relayée à toutes les étapes par des syndicats conciliants, FO, CFDT et CFTC. Nul ne doute que les travailleurs s'en souviendront.