Un an après : La faillite de Lehman Brothers... et celle du capitalisme18/09/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/09/une2146.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Un an après : La faillite de Lehman Brothers... et celle du capitalisme

Il y a un an, le 15 septembre 2008, la banque Lehman Brothers, la quatrième banque des États-Unis, faisait faillite. Celle de l'assureur AIG était évitée de justesse par une intervention massive de l'État américain. En fait, tout le système bancaire américain était ébranlé.

La crise financière se généralisa aussitôt. Contrairement aux dires des bonimenteurs, elle franchit l'océan et toucha aussi le secteur bancaire européen. Le vendredi 27 septembre, le groupe Fortis, groupe belgo-néerlandais, craquait et le gouvernement belge dut nationaliser la banque. Puis ce fut le tour de Dexia, et Sarkozy dut reconnaître que les banques françaises n'étaient pas à l'abri. À peine un gouvernement avait-il épongé les dettes des banques en injectant des milliards pris dans les caisses publiques, qu'une autre banque menaçait de s'écrouler. La Bourse se mit à chuter, la panique régnant parmi ceux qu'on appelle les possesseurs de capitaux qui, en les plaçant et en les déplaçant, faisaient s'effondrer les cours des places boursières.

Une crise due à des « excès »...

Les prémisses de cette crise financière étaient apparus dès août 2007 avec la crise dans l'immobilier américain. Les capitaux chassés du secteur immobilier cherchaient à se placer dans d'autres secteurs, faisant ainsi monter les cours. La crise de l'immobilier américain alimenta la crise du pétrole, puis celle des matières premières, et enfin la crise alimentaire.

Un an après, les gouvernants, relayés par nombre d'économistes, tentent de nous convaincre que le plus dur est derrière nous ; chaque remontée, même minime, des cours de la Bourse est l'occasion de poussées d'optimisme dans les médias. Mais cet optimisme a beaucoup de mal à gagner les classes populaires car le chômage continue de grimper, et depuis un an presque quotidiennement sont annoncés des licenciements ou même des fermetures d'entreprises.

Les représentants des différents États font mine de pouvoir agir sur cette crise en prétendant freiner les excès de la finance, « empêcher que les grandes banques prennent des risques qui menacent l'ensemble du système » comme le déclarait, lundi 14 septembre, le président américain Obama. « Certains dans la monde de la finance font une mauvaise lecture de ce qui se passe en ce moment... Je veux qu'ils entendent mes mots : nous ne retournerons pas aux temps où le comportement irresponsable et les excès sans bornes au coeur de cette crise n'étaient motivés que par l'appétit pour des coups fumants immédiats et des primes trop gonflées. » poursuivait-il. Sarkozy quant à lui, explique depuis des mois qu'il faut « moraliser » le système économique.

...ou la crise d'un système ?

Mais la crise ne vient pas seulement des excès de banquiers peu scrupuleux qu'on pourrait remettre sur la bonne voie avec une réforme de la finance ou des règles qui seraient établies au niveau mondial. Elle vient du fonctionnement même de ce système. L'économie capitaliste fonctionne par essence d'une façon chaotique, irrationnelle, imprévisible, car chaque capitaliste décide en fonction de ses seuls intérêts ce qu'il produit et comment. Il produit pour vendre et pour retirer de la production un profit maximum. Or quand il n'est plus possible de vendre en assez grande quantité pour réaliser ces super-profits parce que les consommateurs n'ont plus les moyens d'acheter, les capitalistes cherchent d'autres moyens. Par exemple, ils font baisser les « coûts de production », en diminuant les salaires, en licenciant, en augmentant les cadences. Depuis 1980, la part des salaires dans le revenu national en France a baissé de près de 10 % au profit du capital. En appauvrissant ainsi la classe ouvrière, ils contribuent encore à restreindre le marché solvable. Il devient plus rentable d'investir ses capitaux ailleurs que dans la production, dans des opérations purement spéculatives, qui permettent d'encaisser des profits rapides... jusqu'à ce qu'un krach financier révèle qu'ils ne correspondent à aucune richesse supplémentaire réelle pour la société.

La crise financière de l'automne 2008, en poussant les banques à refuser les crédits aux entreprises comme aux particuliers, n'a fait par la suite qu'aggraver encore un peu plus la crise de la production, faisant plonger celle-ci et exploser le chômage.

Alors la crise n'est pas une crise passagère, due à des « excès ». Les milliards injectés par les États dans l'économie pour tenter de la conjurer tombent dans les poches des industriels et des banquiers comme dans des puits sans fond, tandis que ceux-ci continuent à ne pas être « raisonnables » et à chercher à s'enrichir par n'importe quel moyen quoi qu'il en coûte à la société.

L'avenir n'est plus depuis longtemps dans cette organisation capitaliste de la société, mais dans une société qui saura organiser et planifier la production en fonction des besoins de la population, une société socialiste.

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