Tests ADN et démagogie18/09/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/09/une2146.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Tests ADN et démagogie

Le ministre de l'Immigration Eric Besson a annoncé qu'il ne signerait pas les décrets d'application sur les tests ADN demandés aux étrangers voulant émigrer au titre du regroupement familial. La raison invoquée pour justifier son geste est que les consulats ne sont pas équipés pour rechercher les empreintes génétiques, ce qui est vraisemblable. D'un autre côté, ce recul permet aussi à l'ex-socialiste Besson de tenter de se donner une meilleure image que celle de son prédécesseur Hortefeux, dont il poursuit la politique à l'encontre des travailleurs immigrés.

Ce test ADN était l'un des volets d'une loi scélérate votée en 2007, qui multiplie les obstacles visant à empêcher les travailleurs étrangers de faire venir des membres de leur famille en France. Avant de leur accorder un visa, on devait demander à ces derniers de recourir à ce test, devant être pratiqué dans les consulats, pour prouver que les enfants étaient bien ceux du père qu'ils voulaient rejoindre. Cela excluait les enfants adoptés, et pouvait même être une cause de drame si l'homme ayant élevé les enfants n'était pas le père biologique.

Mais le côté inhumain de ces brimades imposées aux candidats à l'immigration ne troublait ni les membres du gouvernement, dont Brice Hortefeux ministre de l'Immigration à cette époque, ni les députés ou les sénateurs qui avaient voté la loi : il s'agissait là uniquement d'un geste à visée électorale en direction d'une extrême droite raciste. Aussi, lorsque Besson a déclaré que ces tests ADN ne pourraient pas être pratiqués début 2010 comme le prévoyait la loi, des protestations se sont aussitôt fait entendre dans les rangs de la majorité.

Ainsi Jean-François Coppé, président du groupe UMP à l'Assemblée nationale, a déclaré que, lorsqu'une loi est votée, « les gouvernements sont dans l'obligation de mettre en oeuvre les décrets d'application ». Comme si c'était la première fois qu'un texte de loi traînait avant d'être appliqué, ou même passait aux oubliettes, faute de décrets ! Plusieurs députés et sénateurs UMP ont renchéri, trouvant « très choquant qu'un ministre se permette de juger une loi votée par le Parlement ». Le Premier ministre Fillon s'est senti obligé d'intervenir pour calmer ses troupes, promettant un nouveau débat au Parlement sur ce sujet.

Toutes ces indignations de politiciens réactionnaires sont évidemment pour la galerie, car chacun reconnaît que la loi, telle qu'elle a été finalement votée, est de toute façon inapplicable. Il y aurait de quoi rire, si leur concours de démagogie, destiné à plaire à l'électorat d'extrême droite, ne s'en prenait pas aux travailleurs étrangers et à leur droit de vivre avec leur famille.

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