États-Unis : Obama et le système de santé, un discours peu rassurant...18/09/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/09/une2146.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

États-Unis : Obama et le système de santé, un discours peu rassurant...

Devant les difficultés à faire adopter un plan permettant en même temps de réduire le coût des dépenses de santé et d'étendre l'assurance médicale à 40 millions de personnes qui n'en ont pas, Barak Obama s'est adressé solennellement au Congrès, soulignant les buts de sa réforme : « Procurer davantage de sécurité et de stabilité pour ceux qui ont une assurance médicale. Fournir une couverture à ceux qui n'en ont pas. Et ralentir la croissance des dépenses de santé pour nos familles, nos entreprises, notre gouvernement. » Et d'ajouter : « Chacun doit prendre sa part de responsabilité. Pas seulement le gouvernement et les compagnies d'assurances, mais les employeurs et les individus. »

Voilà qui n'a guère de quoi rassurer. Car derrière la belle promesse de fournir une couverture maladie à tous, beaucoup parmi ceux qui ont déjà une couverture médicale ont des raisons de s'inquiéter de devoir en sacrifier une partie, et d'autres de devoir payer fort cher pour une couverture médicale insuffisante.

Obama a réaffirmé sa volonté d'aboutir à un plan qui « réunirait les meilleures idées des deux partis ». C'est dire que le plan n'est pas encore bouclé et que les marchandages continuent. Personne ne sait donc quel sera finalement son contenu, et Obama se garde de tout engagement précis de nature à lever l'inquiétude de la population laborieuse.

Les précisions chiffrées sont rien moins que rassurantes. Il a plafonné à 900 milliards de dollars sur dix ans le coût du projet pour le gouvernement et il a affirmé qu'il n'ajoutera pas un centime au déficit budgétaire ! 70 % du coût, quelque 630 milliards, seront financés par les économies réalisées sur le budget fédéral consacré à Medicaid et Medicare. Medicaid, qui offre une couverture maladie aux indigents, est déjà de plus en plus incapable de répondre aux besoins. C'est donc Medicare, qui assure aux vieux travailleurs après 65 ans une bonne couverture médicale pour un prix raisonnable, qui va subir l'essentiel des coupes voulues par Obama. Il s'agit là du seul programme fédéral national et les salariés craignent fort qu'il soit mis en pièces. Cela faisait partie des projets de Bush, qui n'y est pas parvenu, mais Obama est bien parti pour réaliser la prétendue « réforme » de Medicare voulue par son prédécesseur !

Le reste du coût serait couvert par les rentrées générées par l'activité accrue des compagnies d'assurances qui vont avoir un afflux de nouveaux clients du fait de l'obligation pour tous de s'assurer, et par la taxe qu'Obama veut faire payer aux assureurs sur leurs contrats les plus complets et donc les plus chers. C'est encore une source d'inquiétude pour tous ceux qui bénéficient de tels contrats, en particulier les salariés de la grosse industrie qui vont voir soit la couverture se rétrécir, soit leur participation financière augmenter, soit probablement les deux !

Le comble, c'est qu'Obama présente cette taxe sur les contrats chers comme l'un des moyens de faire baisser le prix des assurances ! L'autre moyen qu'il préconise est de rendre plus concurrentiel d'ici 2013 (!) le marché de l'assurance, qui ne l'est guère. D'où l'idée de proposer une assurance médicale gérée par l'État. Obama se dit d'ailleurs prêt à abandonner cette idée si les assureurs privés baissent leurs primes - qui ont augmenté ces dernières années trois fois plus vite que les salaires. Mais il est probable que, même si ce projet d'assurances gérées par l'État était effectivement mis en oeuvre, il ne serait pas trop attractif, pour ne pas être trop concurrentiel... Obama a en effet révélé que, selon les estimations officielles, moins de 5 % des Américains y auraient recours !

Bref, les assureurs n'ont en fait rien à craindre de la réforme d'Obama, bien au contraire. Aux médecins, Obama a promis qu'ils ne pourraient plus être poursuivis en justice pour faute professionnelle. Aux petits patrons, il promet qu'ils ne seront pas obligés d'assurer leurs salariés. Mais tous ceux qui ne bénéficient pas d'une assurance de leur entreprise, de Medicaid ou de Medicare, devront souscrire une assurance individuelle sous peine d'amende.

Et comme tout ce discours ne risque pas de susciter plus d'enthousiasme pour sa réforme, Obama mise maintenant sur la peur de l'avenir, affirmant que, si rien n'est fait, la moitié des Américains de moins de 65 ans vont perdre leur couverture médicale dans les dix ans qui viennent !

Obama présente sa réforme comme la grande affaire de son mandat. Mais la seule chose vraiment évidente, c'est qu'en fait ce sera une manne pour les assureurs et tous ceux, laboratoires, fabricants de matériel médical, établissements de soins privés, qui font des profits dans le domaine de la santé. Et cela même si les Conservateurs font assaut de démagogie en allant jusqu'à accuser Obama de faire là une réforme « socialiste » !

Quant à améliorer l'état sanitaire de la population, c'est une tout autre affaire...

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