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- Lutte ouvrière n°2146
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Leur société
Clermont-Ferrand : Menace d'expulsion pour une famille chinoise
Depuis plusieurs semaines les protestations se multiplient contre le préfet de la région Auvergne. Celui-ci s'obstine en effet à vouloir expulser de France et renvoyer en Chine des parents avec le plus jeune de leurs enfants, tout en acceptant que l'aîné, âgé de quatre ans, puisse rester en France !
Quand il est arrivé en France il y a une dizaine d'années, le père de cette famille avait vu sa demande d'asile politique rejetée. Resté sans papiers, il a cependant toujours travaillé. Les deux enfants du couple sont nés en France : Chen, l'aîné, est normalement scolarisé en maternelle.
Début août, les parents ont été interpellés et placés en centre de rétention. Ils risquaient alors l'expulsion à tout moment. Mais les autorités chinoises auraient refusé leur retour à cause du plus jeune enfant, de trop à leurs yeux ! Ces parents ont alors été assignés à résidence. Pourtant, il y a deux ans, ils avaient obtenu sans difficulté l'autorisation d'ouvrir un restaurant au centre-ville de Clermont-Ferrand.
Mais le préfet, ancien secrétaire général d'Hortefeux quand celui-ci était ministre de l'Immigration, reste décidé à faire arrêter et expulser cette famille. Et cela malgré des protestations multiples : manifestations deux à trois fois par semaine, devant la préfecture ou l'école de Chen, rassemblant de 100 à 200 personnes ; une pétition de plus de 2 000 signatures ; interventions des élus.
Même certains élus de droite, dans un premier temps, comme Louis Giscard d'Estaing, fils de l'ex-président, député-maire de Chamalières, sont intervenus... mais ils se sont vite rétractés.
Parmi les conseillers municipaux de Clermont-Ferrand, tous ont demandé au préfet de les régulariser, sauf les élus de droite UMP !
Ce préfet n'hésite pas à verser dans la provocation en prétendant que le maire aurait fait fermer le restaurant tenu par cette famille chinoise - ce que la mairie a démenti formellement - ou bien que ce pourrait être une couverture pour une filière d'immigration clandestine d'étudiants chinois. Ou encore qu'ils ne parleraient pas français, ce qui pour le préfet justifierait leur expulsion. L'argument est révoltant, mais en plus il est faux. Enfin, quand le préfet reproche encore à cette famille d'avoir choisi « de basculer dans la clandestinité », l'abject le dispute à l'odieux.
Le 1er septembre, deux policiers sont venus voir les parents pour les inciter à signer une délégation d'autorité parentale. Ce qui voulait dire accepter de se séparer de leurs enfants ; un juge aux affaires familiales s'en occuperait, tandis que père et mère seraient, dès le lendemain, embarqués dans un avion Paris-Pékin. Et une fois revenus en Chine, où ils n'ont ni maison, ni travail, ni argent, ils pourraient, paraît-il, demander un visa et revenir en France !
Face à cette situation aussi absurde que menaçante, RESF a décidé aussitôt de les cacher. Quant aux manifestations de solidarité réclamant la régularisation de la famille, elles ne faiblissent pas.