Des jeunes qui travaillaient en CDD à La Poste et espéraient sortir de la précarité se sont vu proposer par La Poste la formation d'apprenti pour y obtenir un CDI.

Dans le Haut-Rhin, pour l'année 2008-2009, vingt apprentis ont été sélectionnés à l'entrée de cette formation débouchant sur le CAP tri, acheminement, distribution. Formation au cours de laquelle ils ont été amenés, après avoir signé une décharge en ce sens, à effectuer seuls des tournées, donc comme s'ils étaient des facteurs titulaires. Ils touchaient pour cela entre 50 et 61 % du smic.

Ceux qui ont obtenu leur CAP ont maintenant eu la mauvaise surprise de ne pas se voir proposer de contrat. Cela après un an de formation ! Certains avaient mis de l'argent de côté pour la payer, d'autres sont retournés momentanément vivre chez leurs parents, tous persuadés de décrocher ensuite, enfin, un CDI à La Poste. On leur avait expliqué auparavant qu'ils ne devaient pas changer de région, leur formation ayant coûté de l'argent à La Poste d'Alsace. Aujourd'hui, on leur explique qu'ils peuvent tenter leur chance dans la région parisienne... ou, pourquoi pas, aller carrément voir du côté de la concurrence : puisque La Poste n'a plus le monopole de la distribution, que ces jeunes aillent donc voir dans le privé !

Ce que ces apprentis ne savaient pas, c'est que La Poste applique avec eux ce qu'elle appelle son processus de « modernisation continue ». La modernisation selon elle, cela signifie par exemple qu'il n'y a plus de remplaçant (zéro jeune pris à Mulhouse pour l'été) ; au lieu d'embaucher, la direction fait pratiquer aux facteurs l'« auto-remplacement » : ils se remplacent entre eux, rallongent leurs tournées, qui au lieu d'être définies deviennent élastiques. Voilà la modernisation pour les facteurs. Par contre, du côté des 10 plus hauts salariés de La Poste, la modernisation c'est 74,2 % d'augmentation de salaire entre 2002 et 2008 !

Voilà comment ses dirigeants préparent la privatisation. Espérons que les postiers n'ont pas dit leur dernier mot.