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Leur société
Évasion fiscale : Riches et entreprises la pratiquent en grand, et souvent légalement...
Le ministre du Budget, Woerth, prétend avoir obtenu de banques suisses une liste de 3 000 contribuables ayant des comptes non déclarés en France. Et d'ajouter que ces contrevenants devraient déclarer cet argent au fisc avant fin décembre, sous peine de sanctions... La bonne blague !
Quand l'administration vient d'adresser un avis d'imposition au commun des contribuables, Woerth et Sarkozy aimeraient faire croire dans les chaumières qu'ils défendraient une certaine justice en la matière. Au risque d'en faire plier de rire plus d'un dans les beaux quartiers.
D'abord, et cela a fait dire à plusieurs commentateurs que Woerth bluffait, parce qu'on imagine mal les banques suisses (ou autres) scier la branche sur laquelle elles sont assises en dénonçant leurs clients étrangers. Ensuite, parce que de l'aveu même de Woerth, il y aurait « plusieurs centaines de milliers » d'évadés fiscaux. Donc, même si Woerth en poursuivait 3 000, l'immense majorité des fraudeurs n'auraient aucun souci à se faire.
En fait, la plus formidable source d'évasion fiscale se trouve du côté des entreprises, à commencer par les plus importantes. Mais là, pas question pour un gouvernement de faire même semblant de froncer les sourcils : il fait comme si cela n'existait pas.
Il suffit pourtant d'aller sur Internet pour tomber sur une multitude d'offres de « défiscalisation off-shore » à l'adresse des patrons petits et moyens. Car les plus gros n'ont pas besoin, eux, de tels conseils : ils disposent de moyens bien plus considérables (cabinets de conseillers fiscaux, services financiers internes) pour échapper au fisc. Et sans aucun risque, car il leur suffit de délocaliser certaines de leurs filiales ou leur maison-mère, ou encore d'affecter le règlement de telle ou telle opération à celle de leurs sociétés qui se trouve dans le pays le moins imposé... Un droit que leur garantissent en pratique tous les États au nom de la « libre circulation des capitaux », autre nom de la course au profit maximum des capitalistes, y compris au détriment des rentrées fiscales de chaque pays.
Bien sûr, Woerth, Fillon et Sarkozy pourraient trouver leur intérêt à exhiber la prise de quelques lampistes de l'évasion fiscale. Mais une chose est sûre, un certain nombre de Français ne risquent absolument rien à avoir des comptes en Suisse : ceux qui y ont établi leur résidence fiscale. Car là, on n'a plus affaire au menu fretin, mais à de très grosses fortunes que se disputent d'ailleurs les cantons helvétiques, en faisant du dumping à la baisse sur leur « forfait fiscal ».
Parmi eux, il y a bien sûr certaines personnalités du spectacle, du sport, de la télévision, mais plus encore de membres éminents du monde des affaires : la famille Peugeot, Thierry Defforey (actionnaire de Carrefour), Daniel Hechter ou Roger Zannier (commerce de l'habillement), la famille Lescure (électroménager), Jean-Louis David (chaînes de salons de coiffure), Michèle Bleustein-Blanchet (fille du fondateur de Publicis), Corinne Bouygues (TF1, BTP, etc.) Paul-George Despature (Damart)... pour ne citer que quelques représentants du patronat français que le mensuel économique Bilan cite comme faisant partie des 300 plus grosses fortunes de la confédération helvétique.
Bref, du beau monde comme aime à en fréquenter Sarkozy et auquel il trouve toutes les excuses quand, comme récemment Johnny Halliday, il déclare vouloir s'installer en Suisse (ou en Belgique) pour payer moins d'impôts.