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Espagne : Un patronat avide et un gouvernement à son service
Lorsque le 24 juillet José Luis Zapatero, le chef du gouvernement socialiste espagnol, a annoncé qu'il rompait le « dialogue social » qui réunissait autour d'une même table les dirigeants du CEOE (le Medef d'Espagne), ceux des syndicats majoritaires, Commissions Ouvrières et UGT, et ceux du gouvernement, José Luis Zapatero a sans doute fait un bras d'honneur mérité aux représentants du patronat, mais rien de plus qu'un geste symbolique..
Cela fait des mois maintenant que les représentants du patronat ne cessent de mettre en avant, avec la plus grande intransigeance, des exigences provocantes qu'ils ont réitérées lors des réunions visant à établir un « dialogue » bien improbable. L'une de leurs revendications visait en effet à réduire de 5 % les cotisations sociales versées par le patronat, ce qui signifiait un cadeau de 15 milliards. Le gouvernement proposait pour sa part un cadeau plus modeste, mais un cadeau quand même, puisqu'il était prêt à une réduction de 1 %. Mais pour le patronat il n'était pas question de reconsidérer sa position.
L'autre pierre d'achoppement concernait la énième réforme du droit du travail en Espagne, et visait à diminuer encore le montant légal des indemnités de licenciement pour les travailleurs embauchés en fixe : elles auraient été de 20 jours payés par année de travail. Le patronat, qui a des plans de licenciements dans ses tiroirs, n'hésitait pas à affirmer que la reprise d'une politique de création d'emplois dépendait de cette réforme...
La rupture de ces négociations a été une réponse de pure forme du gouvernement, dont les syndicats se sont dits solidaires. Mais elle ne peut faire oublier que, depuis des mois, le gouvernement ne cesse de céder aux exigences des industriels et des banquiers. En effet, depuis le début de la crise, Zapatero a mis 150 milliards à disposition du système financier pour lui sauver la mise. Il a multiplié les aides au secteur automobile. Plus de 9 milliards ont été mis sur la table par le biais de l'aide à la vente de voitures ou à l'aide au crédit pas cher. Mais le patronat en veut plus. Et ce que le gouvernement donne depuis des mois à ceux qui dirigent l'économie, il le fait payer aux classes populaires par le biais des bas salaires, du chômage et des économies sur les services publics.
Et puis le petit geste de Zapatero ne l'empêchera pas de céder demain devant la pressions des banquiers et du grand patronat qui reviendront à la charge, « dialogue social » ou pas. Quant aux protestations des syndicats, elles restent aussi très mesurées. Pendant les six derniers mois où se négociaient (comme cela se passe tous les deux ans) les accords d'entreprise des grandes entreprises, les dirigeants syndicaux n'ont pas appelé les travailleurs à mener des luttes pour défendre leurs droits, leurs salaires, et s'opposer aux plans de réductions d'effectifs. Maintenant les négociations concerneront les entreprises moins importantes, qui pèsent moins dans l'économie. Mais il faut espérer que, accords signés ou pas, les travailleurs des petites et des grandes entreprises n'accepteront pas les sacrifices que très ouvertement le patronat va s'efforcer de leur imposer.