- Accueil
- Lutte ouvrière n°2137
- Procès en appel de la chute de la passerelle du Queen-Mary 2 : Le PDG poursuit sa carrière
Dans les entreprises
Procès en appel de la chute de la passerelle du Queen-Mary 2 : Le PDG poursuit sa carrière
Le samedi 15 novembre 2003, une passerelle d'embarquement à bord du paquebot Queen-Mary 2 en construction s'effondrait et chutait de 16 mètres en fond de cale sèche. Parmi les débris enchevêtrés, 40 personnes gisaient, mutilées. 16 y ont laissé la vie.
C'étaient des visiteurs pour la moitié d'entre eux. Huit autres étaient des ouvrières prenant leur poste pour nettoyer les centrales électriques du prestigieux paquebot, à quelques jours de sa livraison.
Depuis plus de cinq ans, les familles réclament justice et que la lumière soit faite sur les causes de l'accident. En février 2008, le tribunal de Saint-Nazaire avait prononcé la relaxe de neuf salariés mis en examen. Il condamnait en tant que personnes morales les entreprises Chantiers de l'Atlantique et Endel (le sous-traitant responsable de la passerelle et des échafaudages) à une amende de 175 000 euros chacun. Personne n'était coupable, ou si peu.
Ce premier jugement avait indigné les familles des victimes et nombre de travailleurs des Chantiers. Aujourd'hui, après deux semaines d'un nouveau procès, la cour d'appel de Rennes vient de rendre son verdict. Le jugement condamne à égalité des cadres et des techniciens des deux entreprises concernées, reconnus coupables de « légèreté, approximations successives, absence de rigueur et de contrôle » constituant des fautes caractérisées ayant entraîné ce drame, à des peines d'emprisonnement avec sursis. Quant aux Chantiers de l'Atlantique (alors filiale d'Alstom) et à Endel (filiale de Suez), ils sont condamnés en tant que personnes morales à 225 000 euros d'amende.
Comme lors du récent procès de l'explosion de l'usine AZF, le réquisitoire a implacablement souligné la responsabilité des directions des Chantiers et d'Endel, mais le tribunal, constatant que la loi ne permet pas d'atteindre véritablement les vrais responsables, a infligé la peine maximale, de 225 000 euros, aux deux entreprises reconnues coupables d'homicides et blessures involontaires. Une somme dérisoire face à leurs responsabilités.
À titre de comparaison, les Chantiers viennent de toucher des fonds publics 1,2 million d'euros pour un plan de formation censé masquer sept jours de sous-charge de travail pour 750 salariés !
Quant à l'ex-PDG des Chantiers de l'Atlantique à l'époque, responsable de la mise en place de cette organisation du travail aberrante dénoncée par le tribunal, il a récemment été promu PDG de la Direction de la Construction Navale Militaire.
Un monde parfait... pour les patrons !