Le rôle de l'Église dans la guerre civile espagnole : Une remise en cause un peu tardive16/07/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/07/une2137.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Le rôle de l'Église dans la guerre civile espagnole : Une remise en cause un peu tardive

La célébration, le 11 juillet, à Bilbao, d'une messe à la mémoire de quatorze religieux basques exécutés par les troupes franquistes entre juillet 1936 et octobre 1937, n'était sans doute pas dénuée d'arrières-pensées. Face à l'ultraconservateur président de la conférence épiscopale espagnole atteint par la limite d'âge, le fait d'affirmer que « le silence des responsables de notre Église sur la mort de ces prêtres n'est ni justifiable ni acceptable plus longtemps » est une manière, pour l'évêque de Vitoria, la capitale du Pays basque, d'engager la lutte pour une succession qui donne de cette Église une image un peu moins réactionnaire.

Mais ce problème interne à l'Église espagnole a au moins le mérite de rappeler quelle fut l'attitude de celle-ci et de Rome durant la guerre civile de 1936-1939. Franco avait présenté le soulèvement militaire contre le gouvernement républicain qu'il dirigea comme une « croisade ». Les évêques espagnols, le Vatican, abondèrent en ce sens. Non seulement ils n'élevèrent aucune protestation contre la sauvagerie de la répression menée contre les travailleurs espagnols, mais ils mirent toute leur influence au service de Franco. Et comme celui-ci prétendait imposer une Espagne « unie », d'où seraient bannis les particularismes basque, catalan et galicien, l'Église espagnole le suivit sur ce terrain.

Cependant, au Pays basque, qui avait choisi le camp de la République parce que celle-ci lui avait accordé l'autonomie, et où le sentiment national était aussi enraciné que le catholicisme, le clergé dans sa grande majorité ne soutint pas cette idée de la « croisade ». Mais les prêtres basques ne pesaient pas lourd face à la volonté du pape Pie XI et de son secrétaire d'État, le cardinal Pacelli (futur Pie XII), d'apporter un soutien inconditionnel à Franco. Après le terrible bombardement de Guernica, en avril 1937, Rome reprit même à son compte le mythe forgé par Franco d'une ville qui aurait été détruite pas les Basques eux-mêmes. Et il ne leva pas non plus le petit doigt quand le caudillo fit exécuter des religieux basques.

Qu'aujourd'hui les évêques espagnols se disputent pour savoir quel visage l'Église devrait offrir n'intéresse que celle-ci. Mais que cette dispute rappelle le rôle qu'elle a joué dans la tragédie de la guerre d'Espagne oeuvre à la « récupération de la mémoire historique », selon l'expression utilisée par tous ceux qui dans ce pays veulent faire toute la lumière sur les crimes du franquisme... et de ses alliés.

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