Gadonneix veut augmenter les tarifs d'EDF de 20 % en trois ans16/07/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/07/une2137.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Gadonneix veut augmenter les tarifs d'EDF de 20 % en trois ans

Il lui faut de l'argent pour spéculer

Le président d'EDF, Gadonneix, réclame aux pouvoirs publics (car l'État détient 85 % de son capital et est maître des tarifs) une hausse des prix de 20 % en trois ans. Pour se désendetter, dit-il, faute de quoi EDF devrait limiter ses investissements.

Gadonneix ne manque pas de culot. D'ailleurs des membres de la majorité ont protesté, dont la ministre de l'Économie, disant qu'elle n'était « absolument pas liée par les appréciations » de Gadonneix. Elle a toutefois admis qu'il fallait « envisager des hausses tarifaires » pour l'électricité. Autrement dit Gadonneix pourrait bien finir par l'emporter au moins partiellement. La dette d'EDF dépassait en 2008 les 24 milliards d'euros. Uniquement ou presque à cause des achats de sociétés dans des pays étrangers.

Petit historique de la dette

Il y a encore une vingtaine d'années, EDF-GDF (car les deux étaient ensembles à l'époque) était déjà très endettée, et même à certains moments la société la plus endettée du pays. C'était alors à cause de la construction des centrales nucléaires, de 1978 à 1998. L'État n'avait pas versé un sou pour les construire et EDF-GDF avait dû emprunter des sommes énormes qu'il lui fallait rembourser, grossies de leurs intérêts. En conséquence, les consommateurs payaient de lourdes factures.

Et puis, dans les années 1980 la crise est arrivée. Elle s'est traduite aussi par une moindre progression de la demande d'électricité. Du coup EDF s'est trouvée en surcapacité électrique, ce qui l'amena à ralentir puis à renoncer à construire de nouvelles centrales nucléaires.

Cette fin des investissements s'est traduite par un dégonflement de la dette. EDF, qui remboursait moins chaque année, a pu baisser légèrement ses tarifs. Pour les particuliers, les factures ont diminué en tout de 14 % sur dix ans.

C'est alors qu'est apparue une nouvelle orientation. Avec la fin des monopoles publics et leur privatisation partout dans le monde, EDF a entrepris de racheter à tour de bras des sociétés : en Grande-Bretagne, en Argentine et au Brésil (deux pays où elle a perdu des milliards !) en Europe, en Asie, en Afrique...

La dette s'est donc mise à regonfler et, à partir de 2001, EDF a cessé de baisser les tarifs et a recommencé à les augmenter.

La fièvre de la spéculation mondiale

Les deux plus récentes acquisitions d'EDF, après une multitude d'autres, sont des poids lourds : British Energy en Grande-Bretagne pour 13,6 milliards d'euros et Constellation aux États-Unis pour 3,1 milliards. Avec ces deux achats qui expliquent largement le gros de la dette actuelle, EDF espère sûrement favoriser le développement de centrales nucléaires de nouvelle génération EPR, pas seulement au Royaume-Uni et aux États-Unis, mais aussi en Inde, en Chine, en Afrique du Sud, etc.

Qu'est-ce que cela rapporte aux consommateurs en France ? Rien, sauf des hausses de tarifs accomplies et annoncées.

Qu'est-ce que cela rapporte au personnel d'EDF ? La dégradation des conditions de travail, depuis des années, et la fin de certains avantages sociaux.

Qu'est-ce que cela rapporte aux consommateurs et aux travailleurs des autres pays ? Les mêmes désagréments qu'en France...

Alors si EDF veut se désendetter (mais est-ce bien son problème ?) qu'elle cesse de spéculer en rachetant des sociétés à tour de bras. Et qu'elle fasse de nouveau baisser les tarifs.

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