- Accueil
- Lutte ouvrière n°2134
- L'attentat de Karachi en 2002 : La responsabilité de l'État français engagée ?
Leur société
L'attentat de Karachi en 2002 : La responsabilité de l'État français engagée ?
Le 8 mai 2002, quatorze personnes, dont onze ingénieurs et techniciens de la DCN (Direction des constructions navales), arsenaux d'État français, avaient été tuées par l'explosion d'une voiture piégée dans le minibus qui les conduisait à leur travail. Ils étaient détachés au Pakistan suite à la vente à cet État de deux sous-marins construits par la DCN. La piste d'Al-Qaïda, qui avait le mérite d'être commode, avait été aussitôt avancée dans la responsabilité de cet attentat.
Or selon les deux magistrats, qui s'appuient sur une note interne de la DCN datant de septembre 2002, les services secrets pakistanais auraient pu avoir été les instigateurs de cet attentat. Et cela aurait été en représailles contre le gouvernement français qui, après l'élection de Chirac en 1995, avait cessé de verser des commissions au Pakistan.
Jusqu'en 2000 cette pratique de bakchich, couramment utilisée par les États pour décrocher des contrats de vente d'armement, était parfaitement légale. Mais les rétro-commissions, c'est-à-dire l'argent versé par les bénéficiaires de ces commissions à des intermédiaires, en échange de leurs bons offices, elles, ne l'étaient pas. Et une enquête portant sur des sociétés suspectées d'avoir servi d'écran pour des retro-commissions avait montré que celles liées à la vente de sous-marins au Pakistan auraient servi à financer la campagne électorale d'Edouard Balladur en 1995. Celui-ci, soutenu par son ministre du Budget d'alors, un certain Nicolas Sarkozy, se présentait en rival de Jacques Chirac pour la présidence de la République. Un fois élu, Chirac aurait donc décidé de mettre fin au versement de commissions au Pakistan.
Ainsi, les quatorze tués et douze blessés de l'attentat de Karachi auraient été en quelque sorte les « faux frais » d'un règlement de comptes entre deux hommes politiques français, sur fond de trafic d'armement et de commissions occultes versées par les États au profit de marchands d'armes et de politiciens à leur service. Décidément, la piste d'Al-Qaïda était bien plus commode.