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États-Unis : Le puits sans fond des banques
La FED, la banque centrale américaine, a procédé auprès de 19 grandes banques à des « tests de résistance » à une aggravation de la crise. Il s'agissait d'enquêter sur la comptabilité de ces banques afin de prévoir les trous dans leurs bilans, dans le cas du pire scénario imaginé par la FED. Les dirigeants des banques en question se sont immédiatement indignés du procédé et ont crié encore plus fort quand la FED leur a fait connaître ses premières estimations.
Au bout de quinze jours d'intenses négociations, la FED en a rabattu... pour rassurer les marchés. Par exemple, le trou de 50 milliards de dollars de Bank of America a été ramené à 33,9 milliards, celui de Wells Fargo de 17,3 milliards à 13,7 milliards, celui de Citigroup de 35 milliards à 5 milliards, etc.
Le scénario de la FED prévoit donc finalement une croissance de 0,5 % en 2010. Un mode de calcul des pertes inhabituel a été utilisé ; les enquêteurs ont accepté de remettre à l'actif des banques une partie de ce qu'elles demandaient et de tenir compte de leurs bons résultats au premier trimestre 2009... dus pourtant au flot d'argent public qu'elles ont touché ! Si bien que le ministre des Finances, pratiquant la méthode Coué, s'est dit « rassuré » par les résultats de cette enquête qui montre tout de même qu'en deux ans les 19 banques devront faire face à un déficit de 599 milliards de dollars. La FED demande aux dix banques les plus mal en point de trouver 75 milliards de dollars sur les marchés financiers pour renforcer leurs fonds propres et rétablir la confiance.
On en est sans doute bien loin, car les analystes financiers estiment les résultats des tests publiés par la FED nettement sous-évalués. Avec leur propre méthode, ce sont au moins 68 milliards supplémentaires que les banques devraient trouver. Et il est vrai que ce chiffre n'est pas plus fiable que le précédent car, malgré toutes les enquêtes, personne ne sait ce que réserve le gouffre sans fond des déficits des banques ; de plus, personne n'est capable de prévoir l'évolution de la situation économique dans les deux ans à venir !
Le dirigeant de la FED, Berbanke, se félicite lui aussi du nombre de « signes encourageants » et ajoute : « Nous espérons que, dans un ou deux ans, nous pourrons illustrer le retour du système bancaire à la santé par une dépendance nettement moindre (des banques) aux fonds publics. »
D'ici là à supposer que son optimisme soit justifié, l'argent public n'a pas fini de s'y engloutir !