Sans-logis : La police contre les Don Quichotte20/05/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/05/une2129.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Sans-logis : La police contre les Don Quichotte

L'association de soutien aux sans-logis, les Enfants de Don Quichotte, avait décidé de lancer le 15 mai plusieurs actions spectaculaires d'implantation de petites tentes individuelles dans les centres-ville de Paris, Marseille, Montpellier et Strasbourg. Leur but était de dénoncer la situation toujours aussi scandaleuse des mal-logés ou des sans-logis, qui s'aggrave avec la crise économique et la diminution des mises en chantier de nouveaux logements.

Si à Strasbourg ou Montpellier, cette fois, l'opération a pu avoir lieu après négociation avec les pouvoirs publics, l'opération parisienne a très rapidement été brisée par une intervention policière musclée sur les berges des Tuileries.

Quelques heures après leur installation, les dizaines de tentes montées au bord de la Seine ont été attaquées et confisquées à l'aide d'un impressionnant déploiement de forces : policiers, assistés de cinq bateaux, de plongeurs avec projecteurs et de gendarmes mobiles casqués. Démontrant sans peine qu'il était moins coûteux et plus rapide de dégager les militants de l'association et leurs tentes symboliques que de commencer à loger décemment ceux qui ne le sont pas, le gouvernement a une fois de plus illustré sa conception du traitement des problèmes sociaux.

Ainsi que le dénoncent les porte-parole de l'association, les rencontres avec Fillon, Boutin ou le préfet-délégué au logement n'ont rien donné. La ministre du Logement n'en prétend pas moins, la bouche en coeur, que l'on n'a « jamais construit autant de logements en France ». La loi DALO reste inapplicable et même les cent villages de bungalows promis en dépannage se réduisent à l'installation d'un seul.

Selon la Fondation Abbé-Pierre, il y aurait toujours 3,4 millions de personnes pas ou très mal logées, auxquelles s'ajouteraient 6,6 millions d'autres qui vivent dans des conditions de logement très précaires. Alors que le gouvernement avait annoncé 500 000 nouveaux logements par an, les mises en chantier ont diminué régulièrement depuis deux ans et n'ont même été que de 58 000 au premier trimestre 2009, en baisse d'un tiers par rapport au premier trimestre 2008. Les loyers, eux, ont augmenté de 7,6 % en 2008, mais la ministre Boutin considère leur blocage comme inopportun.

Les millions de mal-logés doivent avoir accès à des conditions décentes, et ils ne patienteront pas éternellement.

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