Le vote utile, c'est dire tout le mal que les travailleurs pensent de ceux qui les exploitent et les oppriment20/05/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/05/une2129.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Editorial

Le vote utile, c'est dire tout le mal que les travailleurs pensent de ceux qui les exploitent et les oppriment

« L'économie va mieux qu'ailleurs », « les relations sociales sont bonnes ». Heureux, Sarkozy ! Il est content que les sondages pour les élections européennes donnent les listes gouvernementales en tête, et il est surtout content de lui !

Les classes populaires, elles, n'ont aucune raison de l'être, avec les entreprises qui licencient, le chômage qui monte, le pouvoir d'achat qui diminue et les hôpitaux, les écoles des quartiers populaires, les transports publics qui se dégradent. L'argent que l'État donne aux banquiers et aux patrons de l'automobile, c'est autant de moins pour les services publics.

Et c'est une maigre consolation pour ceux qui sont poussés vers la pauvreté de savoir qu'il y a des pays où ça va encore plus mal.

De toute façon, la crise et sa gravité ne dépendent pas de la petite personne de Sarkozy. Elles découlent du fonctionnement de l'économie capitaliste. Mais le gouvernement ajoute sa touche en favorisant les capitalistes, responsables de la crise, contre leurs victimes.

Chaque fois que ce gouvernement prend des mesures antiouvrières, baptisées « réformes », Sarkozy prétend que « les Français m'ont élu pour cela ». Mensonge grossier. Car, s'il a bien été élu président de la République, la majorité de la population n'a pas voté pour lui. Et même ceux qui l'ont fait ne l'ont pas chargé de repousser l'âge de la retraite, de faire le cadeau du bouclier fiscal à quelques milliers de richissimes amis, ni de supprimer des dizaines de milliers d'emplois dans les services publics utiles à toute la population.

Si les listes gouvernementales recueillent beaucoup de voix aux élections européennes du 7 juin, on entendra les ministres claironner que la politique du gouvernement a été, une fois de plus, approuvée.

L'électorat populaire, victime de la politique du gouvernement, a évidemment toutes les raisons de lui infliger un désaveu, même s'il ne s'agit que d'un geste.

Le Parti Socialiste, le principal parti dans l'opposition parlementaire, en tire argument pour essayer de capter les votes de tous ceux qui veulent marquer leur opposition à Sarkozy et à son équipe. Ses dirigeants ont commencé à ressortir le vieil argument du vote utile, avant d'affirmer par la bouche de Martine Aubry : « Le vote efficace pour changer l'avenir, c'est le PS. » L'un des dignitaires du PS a même eu le culot d'ajouter que les électeurs, en ne votant pas pour le Parti Socialiste, voteront pour Sarkozy.

Vote utile, le vote pour le PS ? Mais utile à quoi, à part assurer leur fauteuil à quelques députés socialistes de plus ?

« Vote efficace pour changer l'avenir » ? Mais pour que les Partis Socialistes soient majoritaires au Parlement européen, il faudrait que les 27 pays membres envoient, tous, une majorité de députés socialistes. Il faudrait qu'une vague « rose » submerge toute l'Europe. Et, même si ce « miracle » se produisait, de toute façon la politique en Europe n'est pas définie par le Parlement mais par les gouvernements des 27 pays.

Le PS et ses dirigeants disent n'importe quoi et prennent les électeurs pour des gogos.

Il n'y a pas, dans ces élections, de vote efficace pour « changer l'avenir ». L'avenir des classes populaires dépend de leur capacité à se défendre contre le patronat et contre le gouvernement qui, quelle que soit son étiquette, gouverne pour le compte du grand capital.

Lutte Ouvrière se présente pour que ceux qui, dans l'électorat populaire, sont en colère contre les capitalistes et leur économie qui les condamne à la misère, puissent l'exprimer avec leur bulletin de vote.

Voter pour les listes Lutte Ouvrière, c'est exprimer son opposition à la gestion de la crise au seul profit des banquiers, des patrons et des grands actionnaires. C'est marquer son opposition radicale au gouvernement actuel, servile devant les riches, ennemi ouvert des classes populaires, sans pour autant cautionner le Parti Socialiste qui, lorsqu'il gouverne, le fait lui aussi dans l'intérêt du grand patronat. Voter pour les listes Lutte Ouvrière, c'est se prononcer pour une Europe débarrassée de la dictature des financiers. À tout prendre, c'est le seul « vote utile » qu'on puisse faire dans ces élections.

Arlette Laguiller

Éditorial des bulletins d'entreprise du 18 mai

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