Italie : Nouvelles mesures contre les immigrés20/05/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/05/une2129.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Italie : Nouvelles mesures contre les immigrés

Au début du mois de mai la marine italienne a reconduit vers les côtes libyennes 227 immigrants clandestins qui avaient cherché à rejoindre les côtes italiennes sur trois embarcations.

Le Haut commissariat aux réfugiés, organisme dépendant de l'ONU et peu enclin habituellement à critiquer les pays riches, a quand même fait remarquer au gouvernement italien qu'il n'avait pas le droit de procéder ainsi. Les conventions internationales lui font obligation d'examiner toutes les demandes d'asile avant de procéder éventuellement à des refoulements. Le HCR ajoute que la Libye n'offre aucune garantie quant à la sécurité et même à la santé de ces centaines de clandestins.

Cette crapulerie volontairement spectaculaire du gouvernement Berlusconi n'est qu'un des aspects de sa campagne visant les immigrés, clandestins ou pas. Alors que les actes racistes se multiplient dans le pays, le gouvernement et les partis qui le soutiennent, loin de les combattre, les encouragent de fait. Le 14 mai une loi sécuritaire a été votée à la Chambre des députés, qui institue officiellement les « rondes » de citoyens demandées par le parti xénophobe de la Ligue du Nord. Les tabasseurs d'immigrés auront ainsi un peu plus l'État de leur côté. Par ailleurs l'immigration clandestine devient désormais un délit, passible de 5 à 10 000 euros d'amende. La durée de rétention dans les centres passe de deux à six mois. Ceux qui hébergent un clandestin risquent maintenant jusqu'à trois ans de prison.

Un amendement, stipulant que les médecins, les directeurs d'école et les facteurs ont obligation de dénoncer les clandestins, a été rejeté. Mais ce n'est sans doute que partie remise, car les médecins qui avaient jusque-là interdiction de dénoncer leurs patients sans papiers ont, depuis le 19 février, la « possibilité » de le faire. Ce que nombre d'entre eux refusent, en affichant dans leur salle d'attente « Nous sommes médecins, pas délateurs ».

Toutes ces mesures, assorties de déclarations xénophobes, visent officiellement les seuls immigrés clandestins. Mais elles font en fait peser une menace sur tous les travailleurs immigrés et, au-delà, sur tous les travailleurs d'Italie. D'abord bien sûr parce qu'elles veulent les diviser entre nationaux et immigrés, clandestins et légaux. Ensuite parce que les campagnes xénophobes de Berlusconi et de ses soutiens n'ont pas que des buts démagogiques immédiats. Ceux qui font aujourd'hui la chasse aux immigrés clandestins, par des lois, des discours, des articles, des rondes de nuit ou des dénonciations, sont aussi ceux qui, demain, s'en prendront aux travailleurs soucieux de défendre leurs droits, immigrés ou pas.

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