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Leur société
Européennes : Les listes Lutte Ouvrière - Pour une Europe débarrassée de la dictature des financiers !
Le 14 mai, lors d'un meeting au Théâtre de la Mutualité à Paris, c'est devant une salle extrêmement chaleureuse et même enthousiaste que Lutte Ouvrière a présenté ses listes pour les élections européennes.
Le meeting s'est déroulé sous la présidence de Sophie Robin, factrice à Paris et candidate sur la liste d'Ile-de-France, et en présence des camarades qui conduisent nos listes dans les six autres circonscriptions métropolitaines.
Jean-Pierre Mercier, qui conduit la liste Lutte Ouvrière en Ile-de-France, a expliqué que voter pour nos listes signifiera clairement s'opposer à la gestion de la crise au seul profit des bourgeois, des patrons et des actionnaires des entreprises. Prenant pour exemple en particulier le secteur où il travaille, l'industrie automobile, il a vigoureusement dénoncé l'attaque d'envergure menée par le patronat contre les salariés, ainsi que l'hypocrisie de la propagande patronale et gouvernementale contre les travailleurs dans les conflits en cours.
L'intervention de notre porte-parole nationale Nathalie Arthaud, qui conduit également la liste Lutte Ouvrière dans la circonscription Sud-Est, lui a permis notamment de développer ce que nous pensons de la « construction européenne » des bourgeois et de ce que serait l'Europe unie de l'avenir. Nous en publions ci-dessous un extrait.
L'EUROPE DES BOURGEOIS, C'EST UNE EUROPE ENTOURÉE DE BARBELÉS
Ceux qui faisaient mine dans le passé de se révolter contre le « rideau de fer » qui entourait naguère l'Union soviétique et son glacis sont en train d'ériger un nouveau rideau, électrifié cette fois-ci, pour empêcher le passage de ceux qui viennent de plus loin à l'est, d'Irak, d'Afghanistan, de Russie, du Sri Lanka, voire de Chine. Et ces nouveaux barbelés de la frontière dite de Schengen partagent parfois en deux un même peuple et séparent en tout cas des peuples voisins.
UN RIDEAU DE FER EN MÉDITERRANÉE
Le plus révoltant peut-être est le rideau de fer que l'on est en train d'élever en plein milieu de la Méditerranée. Les barrières électrifiées autour des enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla et les navires de guerre qui font la chasse aux « boat people » pour empêcher des femmes et des hommes venant du Maghreb ou d'Afrique noire de passer sur l'autre rive symbolisent bien plus « leur » Europe que toutes les déclarations officielles sur les droits de l'homme.
Toute l'histoire lie pourtant les peuples des rives nord et sud de la Méditerranée, l'Europe à l'Afrique. L'histoire, mais aussi le présent. Car, sur les chaînes de production des usines d'automobiles, les travailleurs nés en France côtoient des travailleurs nés de l'autre côté de la Méditerranée plus souvent que des travailleurs originaires d'autres pays d'Europe.
Cette Europe des marchands, si sourcilleuse sur la question de la « concurrence non faussée », si prompte à réglementer à tort et à travers quand il s'agit de la circulation des marchandises, ne se soucie pas du tout, en revanche, des êtres humains. Si le marché est plus ou moins harmonisé, les droits sociaux ne le sont pas.
Et, même pour un droit aussi élémentaire que le droit des femmes à l'interruption volontaire de grossesse, l'Union européenne s'accommode parfaitement que la Pologne, l'Irlande, Chypre et Malte le refusent. Quant à Malte, elle interdit même le divorce.
Nous sommes tout à fait d'accord avec les associations qui, comme celle initiée par Gisèle Halimi, revendique « la clause de l'Européenne la plus favorisée ». Cette clause impliquerait qu'en matière de divorce, d'interruption volontaire de grossesse, mais aussi de durée du congé maternité, de protection contre les violences, la législation du pays où elle est la plus favorable pour les femmes s'applique à l'échelle de l'Europe.
FACE AUX MÊMES EXPLOITEURS
Finalement, ce qui est le plus riche d'espoir dans la construction européenne du point de vue des travailleurs et de l'avenir de la société, c'est que l'Union européenne réunit dans un même ensemble géographique et économique plus de 210 millions de salariés, en activité ou au chômage. Pour le moment, ces 210 millions de prolétaires ne sont unis que dans la même inquiétude devant les licenciements et devant le chômage.
Eh bien, ils finiront par se rendre compte que, d'une extrémité de l'Europe à l'autre, on retrouve parmi nos exploiteurs les mêmes groupes industriels et financiers !
Le groupe Peugeot-Citroën n'exploite pas seulement ses travailleurs d'Aulnay, de Rennes ou de Sochaux, ici en France, mais aussi ceux de Kolin en Tchéquie, ceux de Trnava en Slovaquie ou, plus près, ceux de Vigo au Portugal, ceux de Madrid en Espagne, sans parler des usines en partenariat avec d'autres constructeurs d'automobiles en Italie ou en Russie.
Les stations-service portent les marques de la même demi-douzaine de trusts du pétrole présents partout dans le monde, comme sont présents partout les guichets des mêmes banques.
Au-delà de ce qui est visible, les mêmes grands capitaux sont derrière une multitude d'entreprises industrielles ou d'enseignes commerciales qui parsèment tout le territoire de l'Union européenne.
Eh bien, ce que nous espérons, c'est que demain les travailleurs, les chômeurs de l'Union européenne soient unis par la conscience qu'ils ont les mêmes intérêts et qu'ensemble ils constituent une force capable d'imposer leur droit à une existence digne !
Alors, ce que nous avons à dire de l'Union européenne elle-même est lié, non pas à ce qu'elle est aujourd'hui, mais aux perspectives qu'elle offre aux travailleurs dans l'avenir.
Même pour se défendre face à la bourgeoisie, il faut que les travailleurs soient conscients que ceux des autres pays ne sont pas des adversaires. Ils sont plus que nos alliés. Ils sont une partie de nous-mêmes.
Le prolétariat ne pourra pas s'émanciper à l'échelle d'un seul pays d'Europe mais seulement, au minimum, à l'échelle de l'ensemble de ce continent.
Alors, tout en nous opposant à l'Union européenne et à ses institutions parce qu'elles sont toutes des instruments de la bourgeoisie, nous avons la conviction que l'unification de l'Europe est une bonne chose.
Parce que la transformation des frontières en simples limites administratives, la libre circulation des hommes et des produits, une monnaie unique pour un territoire de 493 millions de personnes, cela pourrait être un progrès. L'époque où les nations se sont construites dans le sang et la violence, où les frontières ont été établies au hasard des guerres, serait enfin vraiment révolue.
Et ce n'est nullement contradictoire avec le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes et à gérer leurs propres affaires. Les frontières d'aujourd'hui morcellent bien des peuples ; et les États nationaux, sur lesquels ne s'exerce pas un véritable contrôle démocratique, réduisent souvent des minorités nationales au silence quand ils ne leur mènent pas la guerre.
UNE SEULE CLASSE OUVRIÈRE
Nous nous opposons à ceux, et ils ne sont pas seulement à droite et à l'extrême droite, qui jouent sur la démagogie nationaliste en tentant de faire croire que les travailleurs de ce pays auraient quelque chose à craindre des travailleurs d'au-delà des frontières et qu'ils auraient des intérêts communs avec le patronat de leur pays.
La classe ouvrière de France, comme celle d'Europe, est formée de travailleurs de toutes origines. Eux ou leurs familles ne viennent pas seulement de différentes régions de l'hexagone, mais également d'Italie, d'Espagne, du Portugal, de toute l'Europe, et aussi du Maghreb, de toute l'Afrique, d'Asie ou des Antilles. Dans les usines, dans les bureaux ou sur les chantiers, ils produisent tous pour la même économie et ils sont exploités par les mêmes capitalistes, quelles que soient leur langue ou la couleur de leur peau. La minorité de parasites qui exploitent les travailleurs, voilà les seuls étrangers au monde du travail !
Alors, unir l'Europe ? Oui, car les frontières, les drapeaux, les patries ne servent qu'à diviser les peuples et les rivalités économiques sont surtout un prétexte aux salaires bloqués et aux profits élevés.
Oui, l'unité de l'Europe, c'est l'avenir !
Il y a un siècle déjà, le mouvement communiste parlait de la nécessité des États-Unis socialistes d'Europe. Aujourd'hui, avec la multiplication encore plus grande des liens économiques, culturels, humains, entre les différents peuples d'Europe, l'Europe serait trop étriquée si elle se repliait sur elle-même.
Nous, les communistes révolutionnaires, nous sommes même les seuls à souhaiter l'unification complète de l'Europe, d'un bout à l'autre du continent, sans exclusive. Nous sommes pour que disparaissent les douanes, les barbelés qui séparent les peuples, que disparaissent ces drapeaux que les dirigeants brandissent pour jeter les peuples les uns contre les autres.
Nous sommes pour que les frontières deviennent de simples limites administratives tant que les peuples éprouveront le besoin de se démarquer d'autres peuples. Mais elles finiront par disparaître complètement.
L'avenir n'est pas aux isolements même à l'échelle européenne. Il est à l'entente fraternelle entre les peuples pour gérer enfin en commun cette planète qui est la seule patrie de l'humanité. (...)