États-Unis : Le dépôt de bilan de Chrysler, attaque redoublée contre les travailleurs20/05/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/05/une2129.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

États-Unis : Le dépôt de bilan de Chrysler, attaque redoublée contre les travailleurs

Le 30 avril, Obama a ordonné à Chrysler de déposer le bilan afin qu'il puisse se dégager de toutes ses obligations fiscales et financières, de toutes ses obligations envers ses concessionnaires, ses créanciers et bien sûr ses salariés et ses retraités.

C'est le 30 mars dernier qu'Obama avait refusé le plan de restructuration déjà draconien envisagé par Chrysler pour échapper à la banqueroute, lui donnant trente jours pour imposer des sacrifices supplémentaires « à toutes les parties concernées » et avant tout aux travailleurs.

C'est ainsi que le nouvel accord passé avec le syndicat UAW constitue un véritable massacre des conditions de vie et de travail des ouvriers de Chrysler et un vrai désastre pour les retraités de l'entreprise.

Annuler tout ce que les travailleurs avaient conquis de haute lutte

Selon l'accord, les salaires sont gelés, les augmentations liées au coût de la vie sont supprimées de même que les primes annuelles. Les heures supplémentaires seront moins payées. Les nouveaux embauchés ont leur paye et leurs avantages sociaux réduits de moitié. Il n'y a plus de limite pour embaucher au nouveau tarif ni pour avoir recours aux contrats précaires ou à temps partiel.

On pourra faire travailler les ouvriers 12 heures par jour. Les temps de pause sont réduits. Un jour férié sera supprimé chaque année et le patron peut obliger les travailleurs à prendre deux semaines sur leurs vacances à sa convenance.

Les travailleurs en instance de licenciement devront accepter d'être mutés n'importe où dans le pays, ou d'être licenciés en perdant tout droit à une réintégration. Les licenciés ne toucheront plus qu'une indemnité minimum et pourront perdre rapidement toute couverture médicale.

Enfin il est prévu que, lors du prochain contrat, soit le syndicat acceptera les sacrifices exigés, soit ceux-ci seront soumis à un arbitrage et les travailleurs n'auront le droit ni de voter ni de faire grève pour s'y opposer.

L'assurance médicale des retraités en lambeaux

Quant au fonds d'assurance médicale des retraités, désormais géré par l'UAW, Chrysler ne lui verse qu'un milliard et demi de ce qu'il doit et promet de payer quatre autres milliards en actions de l'entreprise complètement dévalorisées et dont personne ne veut. Si la valeur de ces actions ne remonte pas, le fonds devra encaisser la perte. Si d'aventure elles remontaient au point de valoir plus de quatre milliards, le fonds rembourserait la différence au gouvernement pour payer les dettes de Chrysler !

Inutile de dire que les droits des retraités sont sérieusement amputés. Les retraités ne sont plus couverts pour les soins dentaires et pour les problèmes de vue. On va pouvoir doubler ou tripler ce qui reste à leur charge sur les ordonnances. Même les retraités les moins fortunés vont devoir participer au financement de leur assurance-maladie. Il faudra payer 100 dollars pour être reçu aux urgences. Les plus de 65 ans auront leur pension réduite de 76,20 dollars par mois car ils ont alors accès à la couverture médicale fédérale.

Enfin, à partir de 2010, les gestionnaires du fonds pourront décider de réduire ou supprimer des prestations et d'augmenter la participation financière des retraités.

Ce n'est qu'un début... si les travailleurs laissent faire

Voilà un résumé des sacrifices que les dirigeants de l'UAW ont acceptés et demandé aux travailleurs d'approuver ! Ceux-ci l'ont fait, le dos au mur, sous la menace du dépôt de bilan, le 29 avril. Et le lendemain 30 avril Obama exigeait tout de même le dépôt de bilan !

Chrysler en a immédiatement profité pour fermer ses usines pour 30 ou 60 jours et pour annoncer la fermeture définitive de huit usines, mettant à la porte 6 500 travailleurs de plus. Des dizaines de milliers d'emplois vont être supprimés chez les équipementiers, les sous-traitants. Quant aux concessionnaires, Chrysler vient d'annoncer qu'il en supprimait près de 800. General Motors n'est pas en reste et va mettre fin dans un premier temps au contrat de 1 100 concessionnaires, puis au cours de l'année de 1 600 autres ! L'ensemble de ces fermetures signifie la suppression de 193 000 emplois chez les seuls concessionnaires !

Car le même scénario se déroule chez General Motors, à qui Obama a donné un mois de plus, jusqu'à fin mai, pour présenter un plan plus draconien. Le dépôt de bilan de GM pour achever de briser la résistance de ce bastion de la classe ouvrière américaine est de plus en plus probable.

Les pressions inouïes exercées par les patrons, par Obama et son gouvernement, par les parlementaires, par les media et par les dirigeants syndicaux ont réussi à empêcher toute réaction collective des travailleurs. Mais la brutalité de l'attaque peut faire surgir la colère et la volonté de riposter. C'est ce que l'on peut souhaiter de mieux, non seulement pour les travailleurs de l'automobile, mais pour toute la classe ouvrière américaine qui est tout entière visée par cette attaque frontale contre son bastion avancé.

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